99 ambitieuses – Récit collectif

Je n’en serais pas là si je n’avais pas eu la bougeotte.

Je n’en serais pas là si je n’avais pas eu la bougeotte.
Je n’en serais pas là si je ne m’étais pas mariée.
Je n’en serais pas là si mon mari et moi n’avons pas eu le projet d’aller au bout du monde
Je n’en serais pas là si le départ en Chine ne m’avait pas permis de lever la tête et d’envisager les choses autrement
Je n’en serais pas là si je n’avais pas dû sacrifier mon travail et mon salaire.
Je n’en serais pas là si le travail associatif était valorisé et reconnu comme un autre travail.
Je n’en serai pas là, ….ben si en fait, j’en suis là.

GF

Moins d’équations, légère bifurquation.

J’ai intégré des contraintes culturelles, familiales, historiques. Bonne en math, j’ai intégré l’école polytechnique. Sans me poser de question.

Progressivement, j’ai fait de plus en plus de choix : repousser les sciences abstraites pour les sciences du vivant, moins d’équations, légère bifurcation. Thèses en microbiologie, recherche à l’institut pasteur puis dans l’industrie pharmaceutique. J’ai l’impression de ne pas avoir d’impact sur la vie sociale alors je bifurque vers les ressources humaines. Avec les ressources humaines, il y un impact local avec les équipes. J’ai fait le choix d’avoir un impact. Grand écart entre mes valeurs et celle de l’entreprise. Je profite d’un plan de départ volontaire. Je deviens indépendante. Mon vrai grand choix, c’est il y a 5 ans quand j’ai décidé de devenir art-thérapeute : joie d’accompagner les personnes, joie d’avoir un impact sur des projets de vie et surtout : plaisir à créer.

Pour la première fois, à 53 ans, je me sens alignée.

Sovy

A la question as-tu déjà rencontré des ambitieux ou ambitieuses, je reste un instant perplexe. Aucun nom de femme ne me vient à l’esprit. Est-ce que l’ambition serait un attribut masculin ? réservé aux hommes ? à ceux qui font carrière ou qui se projettent dans le long terme ? Mais, est-ce là la seule définition de l’ambition ? Non, certainement pas. Je suis moi-même ambitieuse, dans mon désir d’action. C’est le créer et le faire qui guident mon parcours. Alors oui ! Je connais des femmes ambitieuses : des artistes, des médecins, des mères de famille… Ambitieuses dans leur vie personnelle et dans leur vie professionnelle, mais aussi dans leur projet de vie. Elles sont loin de l’image de carriéristes ou d’arrivistes. Il y a donc des ambitions positives que l’on retrouve chez les un(e)s et chez les autres. Et l’ambition n’est définitivement pas une qualité ou une compétence réservée aux hommes !

Saskia

On m’a dit que j’étais ambitieuse… Ha ! Je souris… je rigole même carrément. C’est flatteur et par certains côtés je le suis mais je ne me suis jamais donner les moyens de mes ambitions, toujours quelque chose à prouver, jamais satisfaite, toujours mieux faire… c’est très personnel et finalement je me faisais une idée fausse de l’ambition en la limitant à la notion de réussite professionnelle.

SavoyFrenchyFrog

Je voulais être l’égale en TOUT de l’homme.

Si on me dit que je suis féministe : OUI, je suis féministe! Depuis toutes petites, les filles ont été privées de libertés d’action, figée dans un rôle de “fille”. Je voulais être l’égale en TOUT de l’homme, avoir les mêmes DROITS, les mêmes AMBITIONS. Mais j’aime les hommes et je veux vivre en tant que femme et non en homme.

HLM

J’aimerais bien vivre longtemps, mais pas toujours.

Je n’aimerais pas vivre au 20ème étage, mais parfois si.
J’aimerais bien vivre à Belle-Ile, mais pas toujours.
Je n’aimerais pas vivre au bord de la falaise, mais parfois si.
J’aimerais bien courir dans la tempête, mais pas trop longtemps.
J’aimerais bien vivre seule, mais parfois non.
Je n’aimerais pas faire le Vendée-Globe, mais parfois si.
Je n’aimerais pas vivre sur des talons aiguilles, mais parfois si.
J’aimerais bien danser toute la nuit, mais pas toutes les nuits.
Je n’aimerais pas vivre en Amazonie, mais parfois si.
J’aimerais bien vivre longtemps, mais pas toujours.

Sovy

Habiter un monde sans frontières mais pas infiniment.

J’aimerais vivre au Moyen-Age mais parfois non.
J’aimerais vivre en Corrèze mais pas pour toujours.
J’aimerais vivre en communauté mais pas trop longtemps.
J’aimerais vivre avec des femmes mais pas seulement.
J’aimerais vivre avec des Gilets jaunes mais pas tous les jours.
J’aimerais passer une soirée avec Fabrice Lucchini mais pas plus longtemps.
J’aimerais habiter un monde sans frontières mais pas infiniment.

les sirènes s’eaubonnent

Mercredi. Le corps collectif danse.

Lundi. Boulangerie de communauté. C’est la Pâque. Suspendre le levain. Mettez du levain et la pâte lèvera. Le levain comme allégorie de la communauté.

Mardi. “Genderation”, Annie Sprinkle et Beth Stephens au lit, main dans la main, s’embrassent, de performance écosexe en expo documenta. Leurs ami.es de la scène queer trans ne peuvent plus se loger à San Francisco : marché immobilier trusté par les cols blancs de la Silicon Valley.

Mercredi. Le corps collectif danse, l’homme entre en transe choisit une musique, el condor pasa, pour accompagner la danse dans un vol de condor cité d’or et de soleil dans les cartes du ciel de St-Sernin.

Jeudi. Dans le soleil couchant, tas de fumier fumant, bloque la circulation à quelques pas de la Préfecture; rue de Metz, les agriculteurs en tracteurs manifestent.

Vendredi. Dans la rue Gramat, un Uber s’avance silencieusement, voiture hybride : « je viens chercher Quentin », dit-il. Quentin surgit en caleçon claquettes, s’engouffre dans le billard noir et disparaît dans les couleurs graffiti.

Samedi. Aveyron, initiation, géobiologie : une pierre, de l’eau, un rituel, des croix tournantes, un dolmen, une cupule et toute la tradition resurgit du fond des âges.

Dimanche. Dimanche, c’est jardin. Compans, dimanche. Jorge joue de la guitare, petit corps sec et maigre exilé ayant fui la dictature, la musique comme seule liberté.

les sirènes s’eaubonnent

Vous écoutez Chérie FM ?

1er avril. Entre deux sessions zoom, je vais chez la Doctoresse S pour mon genou qui me fait souffrir. La salle d’attente est chaude comme un four et on entend la radio. « C’est Chérie FM, me dit le vieux monsieur volubile et agité assis à côté de moi. C’est la doctoresse qui me l’a dit. Il fait chaud ici. On ne peut pas ouvrir le fenêtre. Vous écoutez Chérie FM ? Je réponds : non, moi c’est plutôt France Culture. Ah, France Culture, la haute culture, la culture savante. J’aime bien la messe le Dimanche à 10h. Vous savez que vous pouvez recevoir les homélies radiodiffusées en écrivant au 222, rue du Faubourg Saint Honoré ».

2 avril. Le loueur de Truche location (quel nom !). Très brun, une bouille ronde et souriante qui parle en roulant les R. Je le crois d’origine portugaise mais il est bulgare. « 19 ans en Bulgarie et 20 ans en France, me dit-il avec fierté : la moitié d’une vie ».

3. avril. Je me promène dans les collines au-dessous de Mourre Nègre. Sur le bas-côté sont garées deux voitures en épi, toutes portières ouvertes et, à quelques mètres, au pied d’un olivier,  un panier de piquenique. Je sens un mouvement furtif derrière un buisson. Personne. Mon imagination s’échauffe. je vous la scène: un jeune couple amoureux, un rodeur aux aguets. Meurtre. Et moi, seule témoin du crime. Je me force à me rappeler tous les détails – la couleur de la bouteille rouge, le sac de papier kraft, les numéros de plaques minéralogiques en vue d’un éventuel interrogatoire de police.

4 avril. Sur la route, près d’Ansouis, deux rangées de cerisiers en fleurs. Fragilité et prodigalité, ravissement et chagrin.

5 avril. J. me demande de lui tirer les cartes du Tarot. Je n’ose pas lui dire que son avenir me semble très bouché et assez sombre (la carte de l’Hermite en conclusion ce n’est pas très bon). Cette façon que j’ai de le ménager comme s’il ne pouvait pas encaisser.

6 avril. Deux hommes dans la rue se donnent l’accolade. « Merci pour le chocolat », dit l’un d’eux. C’est la première fois que j’entends prononcer ces mots pour de vrai. Jusqu’à présent, ce n’était que le titre d’un film de Chabrol.

7 avril. Marche à Cimiez. J’ai vécu dans ce quartier de Nice entre 2000 et 2006. Monde bourgeois protégé derrière des grilles ouvragées. Même les noms de rues sont cossus. Le chic anglais. Avenue Columbo, Avenue Brown-Sequart. Avenue Villebois-Mareuil. Je redescends chez les prolos par la rue de l’Arbre Inférieur.

GF

J’ai l’esprit d’escalier, la réponse à une question me vient toujours quand je le descends.
Lundi de Pâques : visite à mon fils, maison troglodyte dans la montagne. Chanterelle, tout est bonheur.
Mardi : je déteste que l’on me pose un lapin.
Mercredi : je grimpe à Buoux, en tête avec un moins fort et retrouve plaisir et peur.
Jeudi : sympathique déjeuner chez mon amie, dont l’amie connaît mon premier amour d’il y a 60 ans !
Vendredi : discussion autour d’un livre “la mort du roi Tsongor” de L. Gaudé. Quelle connerie la guerre !
Samedi : arrivée de Geneviève, passionnant travail sur la mémoire et l’écriture, et soirée avec Cathy la joie de vivre !
Dimanche : 8ème jour du seigneur.

HLM

Je n’aime pas le soleil éternel. J’aime l’Afrique et son soleil.

J’aime la technologie quand elle marche, je n’aime pas quand elle est plus forte que moi !
Je n’aime pas vivre seule, mais j’aime ma liberté.
Je n’aime pas la pluie, pourtant j’aime les fleurs pleines de rosée.
Je n’aime pas la contrainte. J’aime les conseils judicieux.
Je n’aime pas le soleil éternel. J’aime l’Afrique et son soleil.

HLM

J’entends sa joie. Je pleure dans mon masque.

Vendredi 2 avril
Louise est installée sur le canapé. Je l’appelle. Elle ne bouge pas. J’insiste. Elle détourne la tête. Je m’assois par terre, la tête dans les mains. Louise me saute dans les bras.

Samedi 3 avril
Sous une banderole, une femme brandit des feuillets. Elle porte une longue robe jaune et un chapeau orange. Elle orne la façade de la maison Cauchie.

Dimanche 4 avril
Chez le libraire place Flagey, des centaines de piles de BD, des milliers de livres, des millions de dessins et de mots et l’urgence pour moi de les toucher, les sentir et les lire !

Lundi 5 avril
Je reste longtemps devant ma terrasse qui se couvre de blanc. Dans le jardin, les fleurs de camélia sont lourdes de neige.

Mardi 6 avril
Sur les briques cassées, plusieurs couches de ciment gris, maintenant un enduit blanc, dans quelques jours une peinture neuve.

Mercredi 7 avril
Elle me raconte longuement la mort de sa maman. C’est important pour elle de me dire. J’écoute. Elle pleure. Silence.

Jeudi 8 avril
Je suis dans le tram 93. Jeanne m’appelle. Elle me dit son succès au concours. J’entends sa joie. Je pleure dans mon masque.

Sovy

J’ai fait de la balançoire au-dessous des gorges de l’American River.

Lundi. Encore une réussite de légende ! Trois baguettes rustiques parfaitement cuisinées, après la découverte d’une nouvelle montagne et ses chemins de ski nordique – whoosh à Tahoe Donner.

Mardi. Petit tour à Sea Breeze pour se goinfrer de sandwich à la salade de crabe Dungeness, en compagnie des camionneurs de l’Interstate 80 et d’Austin, mon père adoptif et plus vieil ami dans la Baie. Taille du citronnier : putains d’épines !

Mercredi. Nouvelle séance d’entraînement poids et altères chez Negar, ma copine perse. J’ai mal partout. Je lui ai donné des citrons quand même.

Jeudi. J’ai fait de la balançoire au-dessous des gorges de l’American River, puis du skating hors-piste dans des conditions de crust-cruising (navigation de croûte) exceptionnelles. Je confirme que la fonte a débuté : la cascade du Lac Palissades est en eau vive.

Vendredi. J’adore skater avec Sonja et Addie. Leur joie et énergie en montagne, leur appréciation brutale de l’outdoor, me poussent au développement d’efforts qui ne sont plus de mon âge.

Samedi. Karen m’a encore mis une ratatouille. Je ne suis pas sûre de savoir incorporer le repos dans ma vie d’agitée physique qui par ailleurs ne branle rien.

Dimanche. Ernie est le skieur le plus élastique et bondissant de la Sierra Nevada. Sa pauvre mère en télémark ne peut guère le suivre et se prend le râteau du siècle. Neige jusque dans les oreilles !

 

SavoyFrenchyFrog

Un étranger trop étrange

Je n’aimerais pas habiter avec mes parents, à Paris, une île, en bordure de plage, avec des gens trop différents, un pays dont je ne parle pas la langue, un étranger trop étrange.. mais parfois si.
J’aimerais vivre seule, près d’une nature sauvage et libre, dans un endroit dangereux et imprévisible, loin des hommes, en Alaska, près d’une montagne avec des lacs et des rivières, loin des supermarchés, sans gilets jaunes, sans rednecks …mais parfois non

 

SavoyFrenchyFrog

Je n’aimerai pas vivre avec moi, mais parfois si.

J’aimerai bien vivre à Madrid, mais rarement pour toujours.
J’aimerai bien aller à Metz, mais pas pour longtemps.
Je n’aimerai pas vivre avec moi, mais parfois si.
J’aurai bien aimé aller au Mexique mais parfois si.
J’aimerai bien vivre pour toujours, mais pas pour longtemps.
Je n’aimerai pas vivre seule, mais parfois souvent.
J’aimerai bien vivre à Hawaï mais parfois non.

 

Fanny

Juste voir comment sont les vagues aujourd’hui.

Mardi
Le train de 8h23, toujours le même et pourtant toujours la peur de le louper, après, la même satisfaction d’y être arrivé. Je décide de ne pas lire, de ne rien faire, juste voir comment sont les vagues aujourd’hui.

Mercredi
Luna vient de se faire un masque à l’argile, elle tente d’enlever le reste déposé. Je lui applique un coton et lui dit “tu en as oublié un peu sur les ailes du nez”, elle : “moi aussi j’ai des ailes !”.

Jeudi
Le vieux d’à côté, un voisin que j’ai toujours imaginé sympathique et touchant dans ses petites routines. Je sors tôt ce matin, le croise, il me parle enfin pour la première fois : “Et le masque !”

Vendredi
Le vent fort fait encore courant d’air, la porte fenêtre va claquer, je cours la retenir, toujours trop tard.

Samedi & dimanche

Relâche

Fanny

“L’ambition c’est l’ouverture vers tous les possibles”

Marguerite me dit : “L’ambition c’est l’ouverture vers tous les possibles”. Je ne l’avais jamais envisagée sous cet angle. Je tournais en rond dans un carré, réduite à une pensée bien française : l’ambition dérange, dépasse le cadre. J’ouvre la perspective, je la rend positive, possible… et féminine.

Valentine Sorret

Je n’aime pas attendre, mais parfois si.

Je n’aimerais pas vivre seule, mais parfois si, pour quelques instants.
Je n’aimerais pas vivre hors du temps, mais pourtant si.
Je n’aimerais pas vivre dans le Grand Nord, il y fait trop froid.
Je n’aimerais pas vivre sur une île, ce serait trop petit.
Je n’aimais pas vivre en ville et pourtant j’y suis bien maintenant.
Je n’aime pas attendre, mais parfois si.
J’aimerais travailler mais c’est bien aussi d’être en pause.
Je n’aimerais pas vivre sans mes enfants, car ils me manqueraient trop.
Je n’aimerais pas vivre sans toi, car je ne saurais pas.

Saskia

Je parle de moi, c’est tellement rare.

J-7 Je parle de moi, c’est tellement rare. Elle m’écoute, me relance. J’ai pourtant déjà beaucoup réfléchi, questionné mon parcours, mes choix. Mais j’avais besoin de le dire à voix haute pour trouver une nouvelle voie.

J-6 C’est la première fois que je participe à une telle réunion. Suis-je à ma place ? Est-ce que je pense et dis peut intéresser ? Amusant de vivre cet échange sur la situation que l’on vit, les difficultés rencontrées, l’éloignement avec la France qui est pourtant au cœur de nos discussions.

J-5 Un peu d’encre de chine, quelques couleurs (trois pour être exacte) et des longs pinceaux. Un moment hors du temps, guidée par L. qui a appris toutes les techniques de peinture chinoise de sa propre grand-mère.

J-4 Un quartier, où je me rendais toutes les semaines, au petit matin, il y a quelques temps et que j’ai déserté dernièrement. J’y reviens en cet après-midi ensoleillé. Le bleu du ciel, le vert des arbres. Je me souviens de ces matins passés et des cerisiers en fleur, arches éphémères.

J-3 J’entends des éclats de voix aux accents des quatre coins de France et pourtant je n’ai pas bougé. Aujourd’hui on célèbre notre pays, ses régions et le vivre ensemble … à plus de 10 000 km de Paris !

J-2 J’ai de nouveaux livres. Plaisir de se plonger dans la lecture !

J-1 Un petit peu de culture. Ou comment apprendre sur l’Histoire sans se prendre (trop) au sérieux ? Tout se met en place, tout s’éclaire sous un jour nouveau. J’apprécie ces liens entre hier et aujourd’hui.

Saskia

J’aimerai sauver la planète et parfois si.

J’aimerai être une 68arde et parfois non.
J’aimerai sauver la planète et parfois si.
Je n’ai pas de complexe de dieu et parfois si.
Je pense parfois faire bouger les choses mais parfois non.
J’aimerai être présidente et parfois non.
Je n’aimerai pas être un homme et parfois si.
J’aimerai être plus flexible et parfois non.
Je n’aimerai pas être égoïste et parfois si.

Boule

J’ai développé une conscience écologiste qui se manifeste bruyamment.

Tout est un choix. Et pourtant.

Mes grand parents étaient français alors je suis devenue parisienne. Mes parents sont devenus parisiens, alors je suis devenue internationale. Ma famille a fait ses études en France, alors j’ai étudié hors de France, eux des grandes écoles et moi une université. Chez moi nous parlons français, alors mon compagnon est anglophone. Ils travaillent dans la grande consommation, j’ai développé une conscience écologiste qui se manifeste bruyamment. Elles ont pris le nom de leur mari, je garderai le mien et deviendrai peut être Dr. D. Ils sont établis et je reste nomade.

Sans attendre leur aval, j’évolue en réaction. Bien loin de convictions figées, celles-ci bougent à mesure que nos vies progressent.

Et pourtant je suis française, j’apprécie leur élitisme et classicisme. Paris est mon terrain de jeu.

Boule

Je n’aimerais pas vivre à la petite semaine mais je m’y fais.

Je n’aimerais vivre dans une cabane en hiver mais parfois si.
J’aimerais vivre en ermite dans le désert mais trop longtemps.
Je n’aimerais pas vivre sur un grand pied mais parfois si.
Je n’aimerais pas vivre à la petite semaine mais je m’y fais.
J’aimerais vivre en couple mais séparément.

GF

Ma voisine temporelle et géographique.

Jeudi propriétaire d’un nouveau logis à Paris, je prends possession des lieux. Alexandra C. décédée il y a un an était professeur de piano, lors de la première visite son demi-queue trônait encore au salon, son chat ondoyait entre les quatre pattes de laque noire, tous les deux gardés par un employé de maison philippin. Franco-américaine, juive convertie au catholicisme et très pratiquante selon l’agent immobilier qui la connaissait fort bien. Dans la bibliothèque, des centaines de livres, d’art, de musique, romans sur les chats, guides touristiques d’Europe de l’Est, sur la psychanalyse, l’auto-analyse, le cancer du sein, sur la genèse extrême-droite en Europe, le programme de François Hollande, des romans de John le Carre, moultes biographies Audrey Hepburn, John Fitzgerald, Anaïs Nin…en anglais, allemand, français et tchèque…Tellement troublant et impudique de pénétrer ainsi dans l’intimité d’une personne au-delà de sa mort. J’aimerais tant croiser Madame Alexandra C. ma voisine temporelle et géographique.

DUMALI

J’aimerais bien vivre sur un bateau et pour toujours.

Je n’aimerais plus vivre en Chine mais parfois si car ça me manque.
J’aime bien vivre à Paris mais parfois non.
J’aimerais bien vivre sur un bateau et pour toujours.
J’aimerais vivre dans une communauté monastique contemplative mais pas trop longtemps.
J’aurais bien aimé mourir jeune mais parfois je me dis que c’est trop tard.
J’aimerais bien aller dans l’espace mais parfois non.
Je n’aimerais pas vivre dans un climat trop chaud mais parfois très rarement si.
J’aime bien vivre dans plusieurs endroits mais parfois non.
Je n’aimerais pas vivre en Russie mais parfois si.
J’aimerai bien vivre qu’avec mes copines mais parfois non.
J’aime bien vivre à l’époque d’aujourd’hui mais parfois non.
J’aimerais revivre mon enfance mais pour seulement pour les premiers 10 ans.
Je n’aimerai pas avoir vécu la seconde guerre mondiale en France mais parfois rarement si.
J’aimerais bien vivre dans la routine mais en fait non.
J’aime bien vivre en famille mais parfois ça me gonfle donc non.
J’aimerais bien vivre dans un pays chaud mais parfois non.
J’aimerai bien vivre dans un livre de Georges Perec mais pour un jour.

DUMALI

Le bonheur est couleur rose saumon et je déteste le rose saumon.

J’ai peu de dons pour le bonheur ; le bonheur est un mot couillon qui ne m’intéresse pas. Le bonheur est gnangnan, le bonheur est couleur rose saumon et je déteste le rose saumon. Les petits bonheurs de la vie, très peu pour moi. J’ai peu d’aptitudes pour le bonheur mais je suis douée pour la joie, la liberté et l’action. C’est déjà ça.

GF

…, rappeuse de carottes à Ris-Orangis, …

J’ai beaucoup vécu, j’ai pas été déçue : mafieuse à Villetaneuse, ostréicultrice à Villedieu, marchande de sable aux Sablons, ouvreuse de cinéma porno à Lombez, grande collisionneuse de hadrons sur l’île du Désert Mauve, vermifuge de houblon en Gaspésie, sulfateuse de maïs en Monsantie, dragueuse de fleuve à Saint-Jean-Port-Joli, sexeuse de poussins à Saint-André-de-l’Épouvante, rappeuse de carottes à Ris-Orangis, testeuse de nourriture pour chats à Leucate, gogo-danseuse en Phallusie, professeure de yoga canin à Ouafzazat, nettoyeuse de scène de crime à l’Elysée, tourneuse de table à Guernesey, thaumaturge à Fattoumatte…

les sirènes s’eaubonnent

A un moment, je crois, tout ça fera sens.

J’ai eu la chance d’essayer beaucoup de choses. J’ai été enfant aux grands yeux dans le Tokyo des 80s, écolière sage dans les Hauts-de-Seine, détentrice du lapin recordman de longévité d’Europe, amoureuse éplorée et pleurée, voleuse de kumquats à l’étalage, étudiante dans une école de commerce d’élite, bénévole humanitaire au Cambodge, élève en école de théâtre, anthropologue économiste franco-nippone, puis comédienne, metteure en scène exaltée, manipulatrice de cartons sur les planches, lutin polonais et cheffe d’une armée en Crimée, professeure, formatrice de managers, coach sans vraiment le vouloir, graveuse sur cuivre, artiste génoise mélancolique, romancière, animatrice d’ateliers d’écriture, j’ai été une française à Shanghai, cliente assidue d’un resto de pies anglaises, maman fatiguée, ballon explosé qui s’apprête à le re-être, feignasse en puissance, lectrice acharnée, tergiversatrice avérée. Zoomeuse professionnelle. A un moment, je crois, tout ça fera sens.

Sarah

Un grand pont qui rejoignait deux rives d’une rivière et devait nous permettre, un jour, de passer.

J’ai rêvé, enfant, que je construisais un pont. Pas seule, non, avec une bande. Un groupe dont j’ignorais les membres. Un grand pont qui rejoignait deux rives d’une rivière et devait nous permettre, un jour, de passer. J’en ai rêvé souvent. Chaque fois, nous avancions dans la construction. Il me semble que je supervisais plus que je ne mettais vraiment la main à la patte. C’était joyeux. Vivant. Un jour, une nuit disons, nous avons achevé le pont. Rallier les deux rives. Alors, de joie, le groupe s’est jeté dessus pour le traverser en dansant. Le pont s’est effondré, sous mes yeux restés au rivage, tous sont tombés à l’eau, dévorés par des requins dans un immense bain de sang.

Et je n’ai plus jamais rêvé du pont. Ni d’eux que je ne connaissais pas.

Je me suis souvent demandé ce que ce rêve pouvait signifier. Peut-être la peur de chercher toute sa vie à construire quelque chose qui ne tienne pas la route et mène au chaos. Peut-être une première confrontation (fantasmée) à l’échec, qui devrait rendre les autres, les vraies, plus supportables !

Sarah

Je passais pour anarchiste et j’en étais fière.

Dans les milieux professionnels, j’étais estimée et aimée, parce que je ne voulais pas faire carrière, parce que je me foutais des conventions hiérarchiques, parce que je saluais la sous-préfète avec la même décontraction que l’agent de maîtrise. Je passais pour anarchiste et j’en étais fière. Les gens de pouvoir cultivent toujours une curiosité pour les gens de rien.

les sirènes s’eaubonnent

Je baigne dans un monde de requins et de piranhas.

Je fais souvent ce rêve étrange que je nage dans une piscine. Dans cette piscine, il y a un requin, qui nage et menace. Dans cette piscine, il y a des piranhas, qui nagent avec appétit. Je baigne dans un monde de requins et de piranhas.

les sirènes s’eaubonnent

…, coureuse de plaine à Lamballe, …

J’ai beaucoup vécu et je n’ai pas été déçue : guichetière au Crédit Lyonnais de Levallois Perret, briseuse de noix à La Fourche, gratte-papier à Versailles Chantiers, catcheuse à Memphis, opératrice de saisie à Wall Street, travailleuse social à Bruxelles, chasseuse-cueilleuse à Vauvenargues , testeuse de logiciels au Mans, pinceuse de bourrelet au Touquet, logisticienne à Eybens, coupeuse de joints à Saint Saturnin, entrepreneuse à Nice, tireuse de cartes à Houlgate, bloggeuse à Shanghai, coureuse de plaine à Lamballe, pute à click à Berck,  avocate de petites frappes à Trappes, sorcière à Sommières..

GF

Ma vocation sonnait faux mais mon goût de mots mystérieux et scientifique était bien réel.

Quand j’étais petite et qu’on me demandait ce que voudrais faire quand je serais plus grande, je répondais : Ostréicultrice.  J’avais découvert ce nom dans des fascicules de présentation ce métier de centre de documentation de l’école primaire. Le mot «Ostréicultrice » m’avait attiré plus que le métier. J’aimais les huitres et la mer mais pas au point barboter dans l’eau en cuissardes, cirés, gants, bonnet pendant dans des heures pour mettre les huîtres en bourriches… C’était un métier choisi pour sa consonance mystérieuse et scientifique. Les adultes restaient circonspects et ne répondaient jamais : ça alors, quelle bonne idée !  Ma vocation sonnait faux mais mon goût de mots mystérieux et scientifiques était bien réel.

GF

La vague était passée et rien n’était arrivé. 

Dans mon rêve, je me trouvais sur une grande plage sablonneuse, blanche et mate. Je scrutais l’horizon, la mer était d’huile aux reflets métalliques. Tout était calme. Pétole. Soudain une vague énorme se formait près du rivage, un mur d’eau de dix mètres, compact et monstrueux. J’étais totalement pétrifiée, ne sachant pas du tout quoi faire ; fuir mais où ? s’agripper mais à quoi ? J’étais certaine que la vague allait m’emporter et me noyer dans ses rouleaux. Alors je plongeais sous la vague. Je nageais en apnée dans l’eau transparente, profonde et silencieuse sentant au-dessus de moi la force de la déferlante et son grondement sourd…je nageais, nageais tout au bout de mon souffle puis remontais à la surface. La mer tout autour était calme et plate, la plage au loin déserte et morne. La vague était passée et rien n’était arrivé.  Pour moi aujourd’hui ce songe revêt deux significations. La première, la plus évidente, la vague représente une montée brusque d’émotions fortes que je ne parviens pas à contenir. Tôt dans la vie, j’ai dû apprendre à refouler mes émotions, à ravaler ma colère et mon chagrin.  Je passe sous la vague en croyant que je peux prendre sur moi et attendre que cela passe. Cela marche un temps, pas très bien. La seconde interprétation, plus édifiante à mon avis, c’est ma propension instinctive, presque primitive, à sauter dans le grand bain, à passer à l’acte. Quand faut y aller, faut y aller. Plonger me rassure.

GF

C’est la routine qui me fait peur : mon moteur.

Décidé ! je serai maitresse d’école. Petite fille, j’ai tyrannisé bien des poupées en rangs d’oignons au milieu desquelles trônait ma petite sœur recrutée via un programme alléchant de dictées, interrogations, notes salées, devoirs…mon élève s’est lassée, ma classe fut désertée, la directrice « Ma Mère » prévenue des sévices et moi virée, tancée… Fin de MA récré et ma carrière d’institutrice du haut de mes 9 ans.

A 12 ans, sérieux programme d’outplacement, j’ai bifurqué vers Postière, ma poste en carton, un bon stock de timbres de fidélité piqués au Codec, je tamponnais toute la journée, c’est lassant, ça fait mal au poignet. Bureau de poste démantelé car je devenais timbrée.

A 14 ans, la carrière était tracée, je deviendrais médecin, dans le fond pas pour soigner des gens plutôt pour offrir à Ma Mère le château rose des bords de l’Odet : un médecin c’est riche, n’est-il pas ?

A 17 ans, admise au concours de Santé Navale à Bordeaux, mon Père m’a dit que médecin militaire ça voulait dire « voir des zizis de bidasses toute la journée et checker leur aptitude à servir sous les drapeaux », les bidasses pas les zizis enfin j’espère, mes études et ma carrière de médecin se sont arrêtées net.

Finalement, mon vrai métier aura été « Grass-Hopper »,

C’est la routine qui me fait peur : mon moteur.

DUMALI

…, mère juive sous la Tour Eiffel,…

J’ai beaucoup vécu, j’ai pas été déçue : soldate à la Courtine, généticienne rue du Dr Roux, voileuse à Paimpol, barbouilleuse aux Batignolles, arpenteuse de ruines à Palmyre, arroseuse de talents à la Croix de Berny, sécheuse de larmes aux Ardoines, mère juive sous la Tour Eiffel, cueilleuse de soleil à Angkor, chercheuse de sens à Ixelles, effleureuse d’écorces à Tervuren …

Sovy

Je vais rendre copie blanche…

Je vais passer le bac.
Je ne sais plus ce qu’est une intégrale.
Je ne connais plus les formules.
Je ne comprends pas l’énoncé.
Je vais rendre copie blanche…
Mais je l’ai, mon bac !
Je dois toujours savoir, connaitre, comprendre. Je dois suivre le mouvement. Je dois toujours réussir à sauter l’obstacle.

Sovy

Quand je serai grande, j’aimerais ETRE plus et FAIRE moins

Je mesure 1m75, j’ai 58 ans, et je grandis encore. Etre grande pour moi, c’est avoir de la hauteur, du recul, de la sagesse aussi. Quand je serai grande, j’aimerais ETRE plus et FAIRE moins ; quand je serai grande, j’écouterai et je regarderai mieux, je serai patiente, je saurai vivre seule, et ensemble aussi, je serai plus joyeuse, peut-être … Heureusement, je continue à grandir, murir, vieillir.

Sovy

Je veux réussir à être une femme libre. 

Je veux réussir à être une femme libre, être libre de créer ou de raisonner, de sauter dans les vagues en hiver, de pleurer sans m’expliquer, de m’asseoir par terre quand j’en ai envie, d’arriver et de repartir, de marcher devant, ou derrière, ou encore à coté…
Dans liberté il y a un élan, de l’espace, de la lumière, une respiration, un choix … une résistance à l’entrave, au contrôle, à l’invasion, à la soumission.
Où trouver la force d’être libre ? En moi, au contact avec la beauté, auprès de l’autre … ?
Comment être libre sans blesser, être libre avec respect, être libre et loyale ?
Je veux réussir à être une femme libre.

Sovy

Quand j’étais petite, je voulais qu’on m’écoute.

Quand j’étais petite, je voulais être aussi belle que ma sœur.
Quand j’étais petite, je voulais être aussi intelligente que mon frère.
Quand j’étais petite, je voulais qu’on m’écoute.
Quand j’étais petite, je voulais être aimée.
Quand je suis devenue grande, j’ai eu beaucoup de succès auprès des garçons.
Quand je suis devenue grande, j’ai fait des études et on m’admirait.
Quand je suis devenue grande, je suis devenue médecin et on m’écoutait.
Quand je suis devenue grande, j’ai été très aimée.

HLM

Tant de retard me paralyse.

Je fais un rêve qui revient, encore actuellement, et qui me laisse toujours très angoissée. Ma salle d’attente est pleine de femmes qui attendent et je suis littéralement en état de sidération…Tant de retard me paralyse. Est-ce la raison pour laquelle, je ne supporte pas d’être en retard, et qu’à tous mes rendez-vous j’arrive avec une heure d’avance ? Que je ne supporte pas également le retard des autres ? Ou bien, que je n’arrive pas à faire tout ce que je veux ?

HLM

J’ai juré d’être indépendante !

Indépendance. Tous les matins, ma mère ou moi devions demander l’argent de la journée à mon père. J’ai juré d’être indépendante !

HLM

J’ai donc appris à nager vite.

Quand j’étais enfant j’ai été hantée par le film Les Dents de la mer. Ce cauchemar m’a suivi des années. Dans mes rêves, en mer, ou dans une piscine il me poursuivait toujours. J’ai donc appris à nager vite. Je l’ai finalement rencontré – dents dans les yeux – il y a quelques années dans un parc d’attraction à Los Angeles. Une carcasse kitch et pathétique.
J’ai compris qu’il fallait dépasser mes peurs, voir derrière le masque. Me battre et avancer. Vite. Avec ou sans les dents de la mer à mes trousses.

Valentine Sorret

 …casse-couille de renom à Annecy…

J’ai été responsable de clapiers et opérations de reproduction de bouffeurs de carottes au Chatelard-En-Bauges, blanchisseuse industrielle de draps, taies d’oreillers et tabliers de boucherie ensanglantés à Chambéry, casse-couille de renom à Annecy, chanteuse de rock et de Bel Canto à Paris, puis baragouineuse de Castillan et conductrice parfaitement rodée aux insultes colorées du périphérique M30 à Madrid, enfin maîtresse caprine des roches, faune et flore de la Sierra Nevada, pour culminer écrivain de mes deux dans une cuisine à El Cerrito.

SavoyFrenchyFrog

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C’est un volcan qui entre en éruption tous les mois, l’enfer !

J’habite au 2ème étage du Bâtiment F de la Résidence des Alpes. J’y ai ma salle de jeux, ma ferme, ma poupée Barbie aux pieds et mains amputées par Fanfan-La-Tulipe, mon démoniaque lapin nain. Je rêve souvent que, dans cette pièce à la moquette crado marron des 70ies, il y a une cheminée avec un âtre. En fait, c’est un volcan qui entre en éruption tous les mois, l’enfer ! Il faut tout déménager… ma ferme et ses animaux plastiques, mon lapin et sa cage qui pue… sinon la lave nettoie tout. Une fois l’éruption passée, la moquette dégueulasse est toujours là et la vie reprend jusqu’à la prochaine coulée. Je me torture et creuse la cervelle… c’est quoi ce rêve stupide ! Puis finalement, après relecture, je bloque sur “tous les mois”. La grosse Freudienne en moi se réveille “mais bon Dieu les règles !”. Ca fait chier et ça fait longtemps que j’aurais aimé être un garçon.

SavoyFrenchyFrog

Ressent-elle le lien qui nous unit déjà ?

Lundi
La douceur de ce visage, au teint translucide d’albâtre, de ce petit être qui me regarde si intensément me transporte, me bouleverse, me fait presque mal… d’amour, le cœur prêt à exploser ! Me connait-elle déjà ? Ressent-elle le lien qui nous unit déjà ? Je suis étourdie par le bonheur éprouvé de la voir là, vivre, déjà forte, comme si elle savait, au-delà du réel…

Mardi
Notre chêne solitaire et majestueux, cette année encore, dans sa perpétuelle renaissance, se pare de toute sa floraison printanière, discrète et d’un vert gracieux. Emotion !

Mercredi
Beaucoup parlé avec plusieurs ami(e)s de ce travail collectif sur les 99 femmes et le sujet sur l’ambition des femmes ! Beaucoup de réactions positives et d’interrogations sur la finalité…

Jeudi
Marius nous invite à déguster sa bouillabaisse avec d’autres de ses amis. Également, Jacques et moi sommes touchés de ressentir de sa part force d’amitié et de gentillesse. Il s’est enfin laisser apprivoiser ! Maintenant il sait… et il donne.

Vendredi
Stress, mal dormi, 1er jour de perfusion avec hospitalisation. Mon amoureux mari toujours présent, solidaire, soutenant, aimant, impliqué. Recevoir autant d’amour au quotidien après 30 ans me procure toujours un élan qui me fait presque hurler ‘’Quelle chance j’ai !’’.

Samedi
Petite victoire sur ce corps qui ne veut plus, qui n’en peut plus avec une jolie petite balade à vélo. La nature printanière nous salue avec de beaux rayons de soleil qui me réchauffent l’âme.

Dimanche
‘’Maman, nous viendrons déjeuner avec vous !’’ J’adore cuisiner pour ma famille, pour mes amis aussi d’ailleurs ! Belle tablée joyeuse, aimante, où notre regroupement est si important pour nous tous. Comme je suis heureuse de les retrouver dans cette envie de partage.

LN

Je veux être une heureuse

Quand j’étais toute petite, mon désir dans la réalité était un peu inattendu de la part d’une toute petite fille mais la réponse était systématique : « Je voudrais que ma petite sœur redevienne normale (elle est autiste) et que mon papa et ma maman se retrouvent ensemble (ils ont divorcé) ». C’était mes deux seuls désirs du plus loin que je me souvienne !

J’avais de nombreux grands rêves très romantiques qui m’ont permis sûrement de survivre à toute cette souffrance. Je rêvais d’être une très belle et intelligente jeune fille qu’un beau brun et grand jeune homme viendrait retirer de cette famille et que nous arriverions ensemble à fonder une vraie famille pour une vie de joie, de douceur, de gaité, de bonheur tout simplement.  Je rêvais également d’avoir cinq enfants ! Je n’en n’ai eu que deux, et ils sont merveilleux !

Un désir qui me faisait rire, beaucoup (j’avais déjà la notion que c’était une drôle d’envie !), était de devenir très riche et dans cette condition je pourrais m’offrir les services d’un masseur (ma grand-mère m’a beaucoup caressé le dos lorsque j’avais mal…). Et lorsque la question venait « Qu’est-ce que tu voudras faire lorsque tu seras grande », la réponse a été de nombreuses fois : « je veux être une heureuse ».

LN

Je suis une femme qui s’accomplit dans la vie simple

A ce jour, j’ai été écrivain public, installée dans une échoppe avec pignon sur rue ; j’étais « profession libérale » ! C’était pourtant le temps des vaches maigres, les gens me payaient souvent en espèce (du tabac à rouler / des poulets / des œufs / du fromage de chèvre / des plantes, etc…). J’ai accompagné à cheval un gigantesque troupeau de brebis, c’était des vacances, ça s’appelle une année sabbatique ! J’ai travaillé avec des amis chevriers où mon goût et la tendresse pour les animaux se sont développés. J’ai été mannequin à Paris, brièvement car j’ai vite compris que ce n’était vraiment pas ce que je souhaitais faire de ma vie à ce moment-là ! J’ai été une bourlingueuse, sac à dos, seule, sur différents continents, du Nord et du Sud, beaucoup en Afrique et ai vécu entre-autre une mission humanitaire au Tchad qui n’a fait que confirmer mon altruisme et mon empathie vis-à-vis de cette humanité en perdition. J’ai été la collaboratrice dans un cabinet d’architecture où l’on imaginait de belles demeures, des jardins, des lycées… J’ai créé une librairie pure et de qualité, dont je suis toujours très fière, et en ai été pendant 20 ans la responsable. A part mes enfants, ce métier-passion a été la grande réussite de ma vie ! J’ai été il y a peu de temps encore, pendant 5 ans, bénévole aux Resto du Cœur et y ai exercé le boulot de formatrice départementale et de responsable des distributions sur le site d’une ville. Enfin, jusqu’à présent, après avoir eu la chance de faire un dernier enfant a 43 ans (!), je suis une femme qui s’accomplit dans la vie simple (moi qui avais érigé la valeur travail au-dessus de tout !), sans crise identitaire, assumant face à moi-même et au regard des autres le statut depuis 18 ans de ce que l’on appelle ‘’femme au foyer’’ !

LN

Ressentir très profondément le soleil à l’intérieur de mon corps

Enfant mon rêve récurrent était : je me retrouve transformée en poisson (enfin en « poisson-humain ») et je traverse toutes les mers du monde, je dialogue avec tous les poissons (souvent des poissons imaginaires), je parcours les plages de sable blanc (puisque je suis à la fois un poisson mais je peux marcher et être à l’air libre) pour ressentir très profondément le soleil à l’intérieur de mon corps (comme ce n’est pas possible), etc.… L’impact de ce rêve n’a pas été négligeable certainement par la suite. Je pense que grâce à lui j’ai en tout premier intention demandé à apprendre à nager et je suis devenue très bonne nageuse, l’eau étant vraiment mon élément ! Il m’a également peut-être aussi donné cette envie d’aller toujours voir ailleurs ; j’ai beaucoup bourlingué à travers le monde, sac à dos, et parcouru la terre, les mers et le sable blanc ! Il m’a très certainement amené à vouloir passer mes examens de plongée qui m’ont permis d’être autonome sous l’eau ! Le temps m’a manqué pour pratiquer l’apnée à un niveau plus élevé…

LN

On me réveillait de mon sommeil (ma mère en grande souffrance m’a réveillé un jour au petit matin pour m’apprendre que mon père était mort…) pour me dire qu’en fait on m’avait fait une blague et que finalement, ce n’était pas vrai, mon père n’était pas mort, que j’allais pouvoir le retrouver, le revoir, le toucher. Et chaque fois qu’il devait se retrouver face à moi, que j’avais ébauché tout ce que je devais lui raconter de ma vie, lui dire à quel point il me manquait, à quel point j’espérais pouvoir vivre une vie normale avec lui, immanquablement je me réveillais à ce moment-là précisément et me mettais à pleurer.  Aujourd’hui encore, à 62 ans, je fais toujours ce rêve-là (et je m’éveille souvent en pleurs dans les bras de mon mari… qui sait… et qui veille sur ce rêve amer et funeste !

LN

Le fait que….

Le fait qu’il fasse jour à 19h. Le fait qu’il ait neige en Avril. Le fait que je ne parvienne pas à garder mes plantes vertes. Le fait qu’il faudrait peut-être que je chante pour elles. Le fait que j’ai un quart de siècle. Le fait que ma sœur se marie. Le fait que Pierre ait de la barbe, enfin des poils. Le fait qu’on dise caissière mais madame le Ministre. Le fait que les terrasses recouvrent le 8 mai. Le fait que les Zara soient ouverts mais les musées fermes. Le fait que le 21 avril soit le jour de la Terre. Le fait que le premier jour de la Terre soit en 1970. Le fait que le 21 avril 1970, 20 millions d’étasuniens aient manifesté. Le fait que dans certains pays la question soit encore est ce qu’il y a un dérèglement climatique. Le fait qu’au Canada on ne porte pas de masques dans la rue. Le fait qu’au Canada on puisse se promener seins-nus légalement. Le fait qu’en Turquie le mot pour désigner le régime de religion soit laiklik. Le fait que l’état français soit agnostique. Le fait qu’il y ait peut être un dieu boule. Le fait que peut être pas. Surtout le fait qu’on puisse ne jamais savoir. Le fait que tous les dieux de tous les écrits soient peut être un seul et même. Le fait qu’il y ait des miracles. Le fait qu’il y a des catastrophes.

boule

Le fait que je décide de partir seule, que je ne suis pas seule pour une bonne partie du sentier, le fait qu’Axel m’appelle pour me demander si j’ai utilisé sa carte de crédit, que je me demande s’il y a de la fraude, le fait que je n’ai pas de couverture cellulaire pour le rappeler, que je me trouve au fond du ravin d’Hellman, que la forêt est soudainement très silencieuse, le fait que je me sens, je suis à bout de souffle à l’arrêt, que mon cerveau ne comprend plus rien à mon corps, que je pleure, que Shannon apparaît, que je m’accroche à elle comme à une ligne de vie et la suis jusqu’à Snow Mountain en apnée.

SavoyFrenchyFrog

James Dean et Maryline, deux figures étincelantes, le fait que je les ai adorées adolescente avec le désir indigné qui m’agitait, le fait que les murs de ma chambre  en était recouverts, des centaines de cartes postales, le fait que beaucoup d’entre elles étaient en noir et blanc, quelques rares en couleurs, le fait que, plus leurs poses étaient naturelles, plus ils m’étaient intimes, papa maman de substitution, le fait qu’ils ont eu l’apanage de me regarder grandir sans broncher, le fait que leur vie ait été courte mais brillante, le fait que je le sois un peu moins mais vivante.

Chatte

Le fait que je me suis réveillée ce matin en me disant : j’ai raté ma vie, le fait que c’est la faute de Quincy Jones, le fait que ce mec est un génie, le fait que les génies m’écrasent du poids de toutes leurs réussites, de toute leur détermination, de tout leur travail acharné, le fait que Quincy avait une mère dingo, le fait que Bro me dit pour me consoler : ben alors ! t’as toute tes chances, le fait qu’on rit comme des bossus, le fait que cela nous rappelle Alberto, le fait qu’une voyante gitane avait examiné les cals des mains d’Alberto et avait dit : en voilà des mains de travailleurs! , le fait qu’Alberto n’avait jamais bossé de sa vie mais qu’il soulevait de la fonte pour s’entretenir, le fait que rien n’est plus comique qu’une vie ratée, le fait que je me sens aussi fringante qu’un vieux chiffon mouillé, le fait que dans mon panthéon personnel, à côté de Quincy, les afro-américains sont légion : Stevie, Mohamed, Duke, Martin Luther, James, Nina, Toni, le fait qu’il y ait bien trop peu de femmes, noires ou blanches, dans ce séjour céleste.

G-note

Le fait que Dimitri convoyait son voilier des Antilles à Brisbane, le fait que je lui avais dit en plaisantant que je viendrai faire la Moussaillonne pour une partie de l’Odyssée, le fait que je rêve d’une transat et qu’en fait Down Under un bout de transpacifique c’est encore plus excitant, le fait que 9 mois après son départ il m’appelle et m’annonce tout à trac, que LOUL aborderait la marina de Koumak en Nouvelle Calédonie et quelques jours après il larguerait une dernière fois ses les amarres cap vers la Golden Coast, le fait que j’ai sauté dans 3 avions avec mon sac Guy Cotten et ma veste de quart, le fait qu’on a franchi les passes de la barrière de corail à une heure du matin cap pour onze jours et nuits de traversée, le fait que mon quart c‘était la nuit, le fait que j’avais les étoiles et le vent chaud pour moi toute seule, le fait que cela m’a permis de communier avec ma mère plongée en semi-coma dans un autre Finistère, le fait est qu’elle m’avait bercée dans son liquide maternel en Nouvelle Calédonie des décennies auparavant, le fait que ma Mère est morte le jour de notre débarquement à Brisbane, le fait est que je ne l’ai pas revue, le fait que je l’ai bercée en pensées dans le liquide filial pendant cette traversée là, le fait que la Croix du Sud continue à briller et guider les marins dans l’hémisphère sud.

DUMALI

Le fait que j’habite un appartement grand, beau, mais mal isolé, le fait qu’il me faille un rideau pour réduire l’impact du froid à travers la porte d’une salle d’eau, le fait que je ne voulais pas commander en ligne et ne pas pouvoir toucher le tissu et puis la boutique était au bout d’une ruelle, vraiment pas loin, le fait que boutique est un bien grand mot, le fait que je ne parle pas la langue d’ici, mais pas grave, avec quelques mots et un dessin on se comprend toujours ! Le fait que j’y suis allée avec un papier et un crayon, mes trois mots, mes grands gestes et surtout mon grand sourire, le fait que la petite vieille était bien souriante aussi et me disait oui à tout, le tissu, la doublure, les anneaux intégrés, le fait qu’elle m’a fait un bon de commande sur un bout de papier riquiqui, le fait qu’elle m’a bien dit largeur et longueur dans sa langue et noté mes mesures, le fait qu’elle m’a bien demandé « c’est bien ça ?».Le fait que je lui ai bien remontré mon croquis et fait à nouveau de grands gestes, le fait qu’elle était contente, et moi aussi alors, le fait que je suis revenue quelques jours plus tard, le fait que mon rideau aurait pu servir à occulter un soupirail de deux mètres de long, mais pas une porte de deux mètres de haut, le fait que je ne comprends pas qu’un dessin ne puisse être universel, le fait que je n’arrive toujours pas à apprendre cette langue.

Saskia

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Elle a mis des couleurs fauves sur ma palette

Je ne serais pas arrivée là si ma grand-mère américaine n’avait pas traversé l’Atlantique dans les années 20. « Quelle belle vie tu as ! » me disait-elle alors que je jonglais difficilement entre un travail à 200% et l’éducation de mes trois fils… Elle m’a légué son énergie, son optimisme et sa capacité d’émerveillement. Elle a mis des couleurs fauves sur ma palette et m’a appris à manier le couteau. L’odeur de l’essence de térébenthine me renvoie toujours près d’elle. J’ai hérité d’elle le goût pour la liberté et la capacité à vivre seule

Sovy

J’ai largué les amarres

Il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va » dit Isabelle Autissier. J’ai choisi de faire de la recherche pour sauver le monde. J’ai cloné trois gènes de Pseudomonas Denitrificans. J’ai changé de route. J’ai choisi les ressources humaines pour améliorer le bien-être des salariés. J’ai mis en place de savants plans de stock-options. J’ai largué les amarres. J’ai fait le point en alignant mon plaisir de peindre avec mon profil de sauveuse. Une brise douce m’accompagne sur le chemin de l’art thérapie.

Sovy

Lâche ton trapèze et attrape le suivant.

Sous le chapiteau de la vie, vous évoluez dans les airs, d’un trapèze à l’autre : de votre rôle d’épouse parfaite, à celui de salariée zélée, avant d’attraper le trapèze de la mère attentionnée. Epuisée, vous craignez la chute …Ce livre vous donnera les clés pour jongler avec la méditation, le qi gong, la biodanza, le shinrin yoku. Vous retrouverez alignement, équilibre et succès pour de nouveaux parcours dans les airs.

Sovy

Générer une météo favorable au bonheur

Quand les nuages descendent boire à la rivière, ils remontent pour pisser. Cet ouvrage vous munira de stratégies permettant la navigation de votre vie sous une météo clémente. Apprendre à détecter l’approche de tempêtes émotionnelles ou sentimentales, savoir déployer son parapluie à temps, se sécher avec les bonnes serviettes quand on s’est pris une radée, retrouver la chaleur perdue… en bref, tous les trucs pour souffler sur un nuage, sortir le soleil de votre poche et voir enfin la vie en rose.

SavoyFrenchyFrog

La décharge mentale

Assis, couché, debout, courir tous les jours, à droite, à gauche, dans tous les sens. Votre agenda n’en peut plus et vous non plus. Vous ne vous arrêtez jamais et il est grand temps que cela cesse. Cet ouvrage vous fera découvrir ce qui, outre-Atlantique, a déjà convaincu 6 millions d’adeptes, et qui ne cesse d’en conquérir de nouveaux chaque jour. Si vous aussi, vous voulez expérimenter la méthode de la décharge mentale, qui saura faire de vous un être décérébré enfin soulagé, ce livre est pour vous.

Chatte

Comment ne pas se faire des amis

On dit que la communication est la base de toute bonne et saine relation. On dit aussi que toute vérité n’est pas toujours bonne à dire. Or, avant d’échanger avec l’autre il faut déjà être au clair avec soi. Et si pour s’élever il fallait choquer, dénoncer, agiter. Se libérer passe inévitablement par l’émancipation des normes sociales. Exprimer qui l’on est est un art… qui s’apprend ! Voici comment y parvenir sans compromis, ronds de jambe et hésitations. Osez déplaire !

boule

Il n’a jamais fait de différence garçon ou fille. Tout était possible.

Je ne serais pas arrivée là si mon père ne m’avait pas encouragée. Il n’a jamais émis un avis tranché ou formel, ni imposé une direction. Il était là simplement. Disponible. Le regard bienveillant. Silencieux, mais présent. Bien sûr, il m’a transmis des valeurs : le sens des responsabilités, de la parole donnée, le sens de l’engagement et le dévouement. Mais sans grand discours, toujours avec beaucoup de pudeur. Il n’a jamais fait de différence garçon ou fille. Tout était possible.

Saskia

Je passe au-dessus des villages

Mon plus beau rêve d’enfance. Je cours, je cours, je cours très vite, de plus en plus vite. Et puis, à un moment donné, je prends de la hauteur. Je n’arrive pas à savoir quel est l’élément déclencheur de cette ascension, mais à chaque fois, je réussis. Et là, je cours encore, je cours dans le ciel. Je tutoie les nuages, les étoiles. C’est beau. Je n’ai pas peur. Je prends appui sur les toits des maisons, sur les clochers. Je passe au-dessus des monts et des forêts. Je passe au-dessus des villages. Les champs sont tout en bas. Je n’ai pas peur, j’avance. J’ai l’impression de découvrir le vaste monde, d’aller plus loin que je n’ai jamais été. Je n’ai pas peur, j’ai un sentiment de plénitude. C’est là que je veux être. C’est ce monde qui s’étend sous mes pieds que je veux découvrir. Et pourtant ce monde est encore familier, c’est la campagne que je connais, les bois et les collines en tout point semblables à la géographie de ma région. Mais déjà, peut-être, ce rêve d’ailleurs m’amène à me dépasser, à m’élever…

Saskia

J’étais portée par cette notion de possible

Je ne serai pas arrivée là si je n’avais pas vécu en Chine. Contradictoirement ce pays où la liberté est jugulée m’a donné la mienne. Celle de devenir la femme que je suis. Parce que je voulais tout et que j’avais la place pour tout : être femme, maman, amie, épouse et qu’il y avait une autre part de moi qui attendait le temps d’éclore. C’est à Shanghai que j’ai renoué avec l’écriture, inspirée par un environnement extra-ordinaire. C’est à Shanghai que j’ai découvert ma capacité à créer. C’est à Shanghai que j’ai fait ce pas de côté. J’étais portée par cette notion de possible. Oui cela peut être difficile mais c’est possible. Il suffisait d’appuyer sur l’accélérateur. Une impression unique. Et ces possibles après tant d’impossibles français ont été une véritable cure de jouvence, un second souffle que j’attendais depuis – trop – longtemps.

Valentine Sorret

Et toi, qu’est-ce que tu vas faire en rentrant ?

Je n’en serais pas arrivée là si…. cette question ne m’avait pas été posée, lors de cet ‘’ultime’’ voyage au Rwanda : ‘’Et toi, à 28 ans, qu’est-ce que tu vas faire en rentrant ?’’. J’étais face à Céleste et sa bande, éclatante femme africaine nettement plus âgée que moi, que j’avais l’habitude de rencontrer en fin de journée au p’tit bar de l’Alliance Française, moment de détente pour tous, après nos activités de bénévole chez les Volontaires du Progrès. Pendant les autres 6 derniers mois de mon voyage dans l’est africain, je me suis ‘’trimbalée’’ dans mon sac à dos cette question taraudante, piquante et elle s’est imposée tout du long comme LA question que je devais régler pour mon retour en France. Voulais-je continuer encore longtemps cette vie-là ? ou souhaitais-je enfin me poser pour peut-être un métier et une vie plus stable ? Une grave malaria m’a contrainte à un rapatriement à Nairobi pendant 3 semaines, puis un nouveau rapatriement en France pour un autre hôpital des maladies tropicales et c’est pendant ces 2 hospitalisations, dans mes délires fiévreux, que j’ai ébauché une réponse : ‘’Oui je veux rentrer… mais être libre, libre des contraintes imposées par une entreprise, par un patron. Je veux créer ma propre boite, je veux entreprendre un projet plus vaste’’. Quasi une année après ce retour, j’ai créé ma librairie.

LN

Psychologie de l’escalier

Nous avons tous en nous la capacité de ‘’grimper’’ puisque nous descendons tous du chimpanzé… Vous vous sentez un peu mou, plutôt apathique, ou même absent de vous-même, n’hésitez pas à lire cet essai brillant et généreux de Mélanie Paul – psychologue illustre des plus influente actuellement en France – qui vous donnera toutes les solutions pour gravir de plus en plus haut tous les échelons de votre parcours professionnel, pour accéder à une quintessence dans votre vie personnelle, pour vous sentir toujours le meilleur dans vos relations, en famille et au quotidien.

LN

Comme un voyage en Absurdie ?

Comme un voyage en Absurdie ? Non décidément, Michèle S. ne nous entraîne pas dans un voyage en Absurdie, mais bien dans un voyage au sein de la réalité de notre monde actuel. En partant à la rencontre de femmes qui se sont imposées dans des univers parfois très masculins, elle décortique les ressorts qui leur ont permis de réussir et de gravir les échelons. Ce guide d’auto-coaching s’adresse aux femmes qui veulent s’épanouir sans complexe dans leur vie privée et dans leur carrière. Douze femmes généreuses au brillant parcours vous confient leurs valeurs et leurs expériences, inspirez-vous de ces femmes, générale d’infanterie, pompier, banquière, culturiste, pilote de long courrier ou encore directeur de cabinet…

Saskia

La stratégie de l’Amazone ©

Reconnues depuis des siècles comme des femmes courageuses, autonomes, entreprenantes et winneuses, les Amazones sont une inspiration pour toutes les femmes modernes. Avec “la stratégie de l’Amazone”© boostez et ré-harmonisez votre vie dans les 5 dimensions relationnelles : relations à soi, à l’aimé.e, à la famille, aux collègues, à la Terre-Mère. Avec “la stratégie de l’Amazone”© guérissez vos peurs, cultiver vos désirs, dépassez vos limites, apprenez à lâcher-prise et enfourchez l’étalon de vos rêves pour partir à la conquête de votre vie et devenir l’Amazone que vous êtes !

Les sirènes s’eaubonnent

J’ai été un petit fil à Reims

J’ai été petite fille modèle dans la Somme ; j’ai été cheffe avant d’être grande à Hardelot, Wissembourg et ailleurs encore ; j’ai été Eramus à Karlsruhe ; J’ai été testeuse à Saint Quentin à en faire sauter des fusibles ; J’ai été souteneuse puis plus tard maman poule à Lille ; j’ai été dispatcher dans une tour de contrôle ; j’ai été simulatrice à Lyon ; J’ai été un petit fil à Reims mais aussi goûteuse de Champagne ; j’ai été sous tension à Mulhouse ; j’ai été dépanneuse de choc à Valenciennes ; j’ai été inventrice de solutions improbables à Marcq ; j’ai eu mille et une vie et ce n’est pas fini.

Saskia

Destination Prune-sur-Mer

Le fait que j’enlève mon masque pour grignoter quelques amandes, le fait que je tarde à le remettre, le fait que la contrôleuse est épuisée ce soir, le fait qu’il est 22h, grosse journée pas pleurer dans le TGV, le fait qu’elle m’invective envie d’en découdre, le fait que je suis étonnement détendue, le fait qu’elle insiste vous la voulez vraiment cette amende, le fait que ça fait huit heures de train, le fait que c’est la première personne à laquelle je parle de la journée, le fait que je lui répond des amandes j’en ai déjà plein la bouche merci, le fait qu’elle devienne toute rouge tomato bolo, le fait qu’elle m’émeut tellement, le fait que j’aimerais la câliner viens-donc-dans-mes-bras-grande-folle pour la consoler de son métier de merde, le fait qu’elle répète et bafouille vous la broutez craiment cette limande, le fait que j’éclate de rire, le fait qu’elle m’excite à son tour, le fait que quoique je dise rieuse elle sera furieuse, le fait que la destination est connue, le fait qu’elle a besoin d’accéder à sa jouissance par l’amende, le fait que l’éros contrôleur est sans surprise, le fait que tu vas te la prendre cette amende, destination Prune-sur-Mer, le fait qu’elle jouit de surveiller et punir, le fait que je lui demande sociologiquement est-ce que ça vous fait jouir, le fait qu’elle prenne les passagers à témoin en vitupérant “outrage à agent”, le fait que j’ai follement envie de ça maintenant, le fait qu’elle me cherche ou quoi, le fait qu’elle m’injonctionne suivez-moi, le fait que je m’exécute par un “oui Madame” comme un troufion à son commandant, le fait qu’aucun passager ne moufte ni ne prend partie, éloge de la fuite facile derrière les écrans, le fait qu’elle s’affaire sur sa zapette-à-scorer-les-prunes, le fait que je pense ça fera une bonne anecdote à raconter un de ces jours, si on a encore le droit de rire derrière nos masques un de ces jours, le fait que la surenchère de l’arbitraire nous pointe au nez, le fait que la société du contrôle produit des êtres incontrôlables, le fait que nous voyageons en TGV Très Grande Vulnérabilité…

Les sirènes s’eaubonnent

Tu passes tes hivers “à terre”

Tu es un tout petit bout de femme, espiègle, un peu bossue, si rayonnante, tu habites seule dans une petite maison quasi vide, couturière tu continues de ramender les oripeaux de quelques clients qui viennent encore et surtout te voir pour se confier ou confesser, tu passes tes hivers “à terre” car sur l’Île de Sein ou tu es née il y a 93 ans l’hiver mais surtout les cancans sont bien trop féroces pour ta bonté naturelle et bienveillante, tu poses en riant sous un délicieux portrait de ta sœur jumelle dans la fraîcheur de ses 20 ans peint par une artiste parisienne réputée le temps d’été sénant. Tout l’hiver « à terre » tu prépares des provisions, les plantes en pot pour la tombe de tes parents et surtout ton retour sur ton île afin de te replonger dans ta fratrie de dix enfants, enfin ceux qui sont encore vivants, tes innombrables neveux et nièces que tu chéris tant et réciproquement et surtout les cancans féroces qui te manquent tant « à terre ». Je dis TU mais en fait je vous admire, vous aime et vous vouvoie chère Mademoiselle Kermadec.

DUMALI

Chaque 1er janvier, le rituel sacré du changement de semainier

25 ans d’âge, cadeau d’une amie travaillant chez Hermès (le bol si elle avait travaillé chez Monoprix il ne serait peut être plus la aujourd’hui!) tout de cuir vêtu, tanné, lourd comme une brique, chaque 1er janvier le rituel sacré du changement de semainier, usé (absolument pas 2.0), contient un carnet d’adresse périmées, des dizaines de mots de passe (obsolètes), des vieilles photos d’identité jaunies, des mots d’enfants Chère Maman, mon 2ème trimestre je veux le reussire, je vais travaillers plus et moins pensée au copine. Toi comme tu travaille, je vais tous faire à l’avance, j’esseillerais d’avoir de très bonnes notes, ton enfant qui t’aime plus que tout » – Annabelle » – « Je peut dormir avec toi SVP – Réponse = ???” ou encore « Va voir sur le dureau de Sidonie, une sureprises papendera », et « ne me dgronde pas, je t’ai appel dix miliares de foit et tu m’a pas repondu – Sidonie » les tons pantone du logo Cadbury (2686 Purple et 872 Gold) mon employeur pékinois d’il y a vingt ans, mon vieux permis de conduire rose plastifié avec ma photo d’ado au pull fushia acrylique (ma couleur détestée parmi toutes), la dernière lettre datant 2013 de mon amie Fannette entrée dans un ordre contemplatif et qui doit désormais prier pour le monde avec son essaim monastique au fin fond du Bénin, (bon courage pour le monde! d’ailleurs promesse faite à moi-même de lui répondre dans l’année, pas tenue!), une étiquette papier collant du paquebot Flandre “French Line” (Cabine 607 B, Sailing June 10th final destination Le Havre) que ma tante Hélène (à moi pas celle de Geneviève ici présente) a du poser sur sa malle en rentrant de New-York (ou elle faisait la Mary Poppins! Z’ont pas du rigoler les enfants du conseiller économique de l’ambassade de France là-bas, car ma Tante Hélène question bonnes manières on rigolait pas), vous allez dire c’est un AGENDA et bien moi je vous dis que NON car je crois que c’est le TEMPS QUI JOLIMENT PASSE.

DUMALI

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Calme-toi, calme-toi !

C’est une statuette minuscule d’hippopotame d’Egypte, aux formes dodues et bleues. De fins dessins de papyrus sont dessinés sur les flancs, comme si les plantes du Nil étaient restées collées à ses pattes. J’en ai fait l’acquisition il y a deux mois, sur les conseils de mon Brother, après une explosion de colère qui m’a laissé pantelante et honteuse. Depuis il est là, mutique, juché sur l’imprimante Brother, comme une vigie, comme un totem. Il me regarde de ses yeux placides et froids et me dit : calme-toi, calme-toi !

GF

Je me suis sentie COUPABLE !

Le fait que j’ai voulu être indépendante
Le fait que j’ai voulu vivre ma vie
Le fait que j’ai voulu travailler
Le fait que j’ai voulu AUSSI avoir des enfants
Que le jour où ma fille de quatre ans a été emmenée par un voisin à l’hôpital
Je me suis sentie COUPABLE

HLM

ELLE se sentait si forte !

Pour vivre cette aventure
Elle n’avait peur de rien
Elle était inconsciente des dangers
Elle faisait confiance à ses compagnons de route
Mais surtout ELLE se faisait confiance
ELLE se sentait si forte!

HLM

Avec lui, je me racontais des histoires de plaisir.

Il était doux au toucher et si jouissif dans son grain à caresser.
Je le manipulais avec plaisir, avec sensualité.
Il était gris souris, si beau si tendre, avec des veines plus claires qui m’emportaient dans le rêve, dans ce que je ressentais, tout au fond de moi.
Il forçait mon attention.
Avec lui, je me racontais des histoires de plaisir.

HLM

Ta soif d’apprendre.

Tu es venue au monde juste avant la guerre.
Tu es née d’un père du Sud, de Catalogne.
Tu es née d’une mère du Nord, d’Allemagne.
Tu avais six mois quand ton pays et tes parents se sont déchirés.
Tu étais petite fille triste sans père.
Tu es devenue petite fille mélancolique, orpheline d’une mère disparue sans l’être dans le secret.
Ta soif d’apprendre.
Ta soif de vivre malgré tout, t’a gardé des yeux verts pétillants ;
Tes dernières années de vie.
Tu t’es épanouie dans le soleil et un amour retrouvé.

HLM

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Celui-ci m’a fait découvrir la littérature, c’était Duras !

Blanc immaculé avec le fameux liseré bleu, petit au point qu’il se glisse dans un sac à main pour le transporter partout avec moi, avec ce nom, grand nom de la littérature française, j’ai tellement aimé le lire, m’arrêter sur cette sensation de grande plénitude qu’il me procurait, reprendre la phrase, le chapitre, le paragraphe…L’émotion provoquée est souvent si forte qu’elle en est physique ; j’ai eu bien des fois l’eau à la bouche comme si je dégustais un bonbon, ou une envie pressante de somnoler avec lui, ou un besoin de le caresser ! L’immense joie intellectuelle de découvrir un auteur, un titre, un récit ne m’a plus jamais quitté. Celui-ci m’a fait découvrir la littérature, c’était Duras !

LN

Tu dessines merveilleusement

Tu dessines merveilleusement, tu parles l’italien à la perfection, nous te voyons plusieurs fois dans la semaine et absorbons tes paroles, tes réflexions qui me paraissent (pour moi qui suit encore une enfant, même si l’adolescence me rattrape) toujours tellement pertinentes, fortes, intelligentes…
Dans tes yeux de femme épanouie, je vois la vie, l’amour, la bienveillance mais également l’impertinence.
Je t’admire car tu es pleine, vive, douce, bonne, compréhensive et surtout libre !
Je t’admire car bientôt tu me permets de rentrer dans ta vie et d’éprouver la légèreté qui manque tellement dans mon monde, l’émancipation du carcan ambiant, l’indépendance d’esprit, tu me permets l’évasion !
Je te contemple intensément, je vois ta capacité à donner tant d’attention à chacun et peut-être un peu plus à moi !

LN

J’ai créé des boites à bonheur.

J’ai toujours aimé les boîtes. Les petites, les grandes, en fer, en bois, en croix, en plexi comme celles de Virginie. A elles seules et avant même de les ouvrir elles renfermaient tout un univers, tout un imaginaire. Boite à trésor enfouie par les pirates des caraïbes, boite à gâteaux qui donne l’eau à la bouche, boite à souvenirs cachée dans une armoire gardienne de photos jaunies et, qui sait, de secrets de famille. Une boîte sublime l’objet, et même s’il n’est pas précieux, elle le sacralise. J’ai créé des boites à bonheur. Revêtues de soies, mystérieuses et précieuses. A l’intérieur il y avait des confettis. Oui, tout simplement des confettis. Un effet merveilleux, un placebo dont la symbolique -si forte – apportait légèreté et réconfort à la personne qui la recevait. Magique !

Valentine

Ton énergie déplace des montagnes.

Tu te goinfres de groseilles dans le jardin de la Combaudière, avant d’étendre le linge au soleil. Avec tes lunettes rouges, ton grand sourire et ton corps de jeunette, tu rayonnes la vie. Auprès de Toi, tout paraît si simple : tricoter un bonnet pour tes petits neveux, mettre en conserve la ratatouille de l’été pour s’en régaler en hiver, chanter des chants révolutionnaires à pleine voix au fin fond de la Creuse… Tu as une telle soif d’apprendre, de rencontrer, de partager ! Ton énergie déplace des montagnes. Tu as un don pour savourer chaque instant. Tu pétilles de joie ma Nanouche ! Chapeau bas !

Sovy

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J’aime la caresser, la déchirer, l’écraser.

Son odeur est fade et humide. Elle peut être grise, brune ou encore rouge. Elle me touche quand je la touche. Sous ma main je la sens froide, douce, souple, puissante. J’aime la caresser, la déchirer, l’écraser. J’enfouis mes émotions dans l’argile. Elle sublime ma solitude.

Sovy

C’est une petite plante verte et blanche dans un pot de grès.

C’est une petite plante verte et blanche dans un pot de grès. Ses feuilles se dressent fièrement. Ses grappes de fleurs sages saluent humblement. Elle dégage une odeur fraiche, printanière et joyeuse. Elle voyage vers Bruxelles avec moi, pleine des souhaits de bonheur de Mickael.

Sovy

Alors je ne l’ai jamais allumée, parce qu’elle était le symbole de ce moment.

C’est une bougie, toute simple. La bougie en elle-même n’est qu’une petite loupiote blanche, une banale bougie chauffe-plats. Le contenant a la forme d’une étoile à cinq branches, en verre, d’un bleu profond. Le lumignon s’y love en son centre. En s’approchant, on aperçoit des petites bulles qui s’élancent dans le verre. L’étoile est douce et étonnamment chaude au toucher. Elle est de forme arrondie, très féminine. On me l’a offerte lorsque j’avais 15-16 ans, lors de ma promesse. Je ne l’ai jamais allumée. Elle n’avait pas besoin de chauffer, ni de briller. Je l’ai longtemps gardée sur une étagère dans mon bureau. Maintenant elle est dans un carton, avec une partie de ma vie matérielle. Mais je la vois et la sens toujours auprès de moi. Elle me réchauffe, elle m’éclaire. Elle me rappelle ma promesse.

Saskia

Tu résistes à tout.

Tu résistes à tout, à la chaleur du poêle à bois quand tu tournes à la main les châtaignes, aux piqûres de tiques quand tu écôtes les champs et libères le pâturage des tarines, aux nuits sans sommeil quand une en cornue est prête à vêler, à mon peigne agressif quand je te fais une queue de cheval, aux remarques acerbes de ta seule fille qui ne te pardonne pas, à la folie de cet époux qui a bien voulu prétendre être le père de ta fille. Tu résistes enfin à révéler qui il est et tu meurs avec ce solide secret.

SavoyFrenchyFrog

Celle qui a perdu sa fille quand elle lui a demandé de merci bien vouloir l’appeler James

Celle qui a déjà trois enfants et ne veut pas d’un chien qui en plus ne grandirait pas mais au moins ne parlerait pas, celle qui conduit comme une enragée sous hormones, celle qui ment avec une aisance qui fait douter de la possibilité d’authenticité, celle qui jure comme un charretier devant ses choux, celle qui ne peut escalader la moindre colline sans un saucisson, une bouteille de Château Lamazette et son réchaud pour faire le café, celle qui a vu le sol futur se dérober sous ses pieds quand il est mort, celle qui a perdu sa fille quand elle lui a demandé de merci bien vouloir l’appeler James, celle qui n’a pas peur de la mort mais craint la douleur.

SavoyFrenchyFrog

Choses énervantes : pas les choses, les gens surtout! 

Choses énervantes : Les petites choses, rarement les grosses. Les fourmis qui bouffent la tarte aux pommes abandonnée sur le comptoir. La serveuse qui me demande si tout va bien quand j’ai les joues comme un hamster. Les gens qui ne veulent pas de vaccins car “on ne connaît pas les effets à long terme”. Les propriétaires canins qui ne me laissent pas filer une gourmandise poulet organique à leur poilu sous prétexte que la bestiole est au régime ! Les gens qui ne savent que projeter une image de succès et ne peuvent reconnaître ou parler de leurs vulnérabilités – les “vegans” que j’invite innocemment à dîner et qui révèlent leur véritable identité cinq minutes avant le repas “je suis vegan, j’espère que ça n’est pas un problème ? ». Ben si, c’est un problème ! Pas les choses, les gens surtout

SavoyFrenchyFrog

Celle qui nettoie, aspire, astique, récure, repasse, cuisine

Celle qui arrive en France, adolescente, depuis sa campagne portugaise ; celle qui s’entasse dans le métro aux heures de pointe pour rejoindre les beaux quartiers ; celle qui « fait des ménages », celle qui nettoie, aspire, astique, récure, repasse, cuisine ; celle qui construit son pavillon avec son mari – normal puisqu’il « est dans le bâtiment » ; celle qui écoute, apaise et soigne ; celle qui accueille les nouveaux nés et accompagne les mourants ; Celle qui évite d’écrire, honteuse de son orthographe ; celle qui a des petits enfants 100% français ; celle dont le dos est ruiné et le cœur fatigué… A celle-ci, je veux dire mon affection, mon admiration et ma reconnaissance.

Sovy

La longévité des renoncules.

Choses que les gens ignorent le plus fréquemment : Le plaisir de souffler sur un pissenlit cueilli entre deux pavés. Les joueurs d’échecs sur la place. Le parfum du livre nouveau, feuilleté à la librairie. Le sourire de la boulangère sous le masque. Le soleil qui a percé quelques minutes, hier. Le grincement du tram sur l’avenue. La légèreté des pétales de prunus amassés au sol. Les quatre minutes de jour en plus, chaque jour de mai. La longévité des renoncules. Le goût de la fraise nouvelle belge. La beauté d’un germe de pomme de terre.

Sovy

Choses irritantes

Choses irritantes :

– Quand j’ai fini de bécher, piocher, arracher les racines, soulever des tonnes de morceaux de granit, mouiller la terre, trimballer les 20kgs de terreau de bruyère, déplanté et replanté le rhododendron, tassé les 20kgs de terreau de bruyère, arrosé et que je me suis aperçue que je l’avais planté 75 centimètres trop à gauche et du tout recommencer…

– Quand j’ai ramassé un sac entier de détritus en courant le long de la rivière en seulement 30 minutes – Quand l’infirmière a tenté de nous faire avaler la pilule en expliquant que c’était mon Père qui s’était planté dans sa prise de Bisoprocol – médicament vital pour ses pulsations cardiaques – alors qu’il y avait eu erreur de leur part dans son semainier médicamenteux…

– Quand le gars du service après-vente de Chronopost France m’a soutenu que mon colis important pour New Delhi n’était toujours pas livré 10 jours après parce que y’avait pas inscrit sur le bordereau rédigé de ma main ni le nom, ni prénom ni l’adresse du destinataire…

– Quand j’ai un peu trop flippé en ouvrant la lettre recommandée Trésor Public… – Quand j’ai après quelques hésitations sur leur devenir, fait démarrer le lave-vaisselle sur programme 50 degrés alors que des colonnes de fourmis l’avaient envahi… – Quand de gros Pigeons et Corneilles ont mangé toutes les graines de la mangeoire que je réservais aux Rouge Gorges et Mésanges.

DUMALI

Chose dramatique et traumatique dont je ne sais quoi faire 

Quand une des « aides à la personne » de mon Père, m’a appelé ce soir en proie à une crise de larmes, me balançant qu’elle ne l’avait jamais dit à personne, qu’elle m’adorait moi et son Léon (mon Père ), qu’il lui avait appris hier à faire du feu dans la cheminée. Et qu’a 12 ans (il y a 40 ans !) placée en famille d’accueil elle avait été abusée sexuellement…

DUMALI

Vive le Potiche’s Empowerment!

Choses qui réchauffent le Cœur :

– Quand la grue du port a remis à l’eau « le P’tit Bac » qui permet de traverser la rivière pour le petit port d’en face et la saison des « estivants ».

– Quand on a savouré des yeux puis des papilles une betterave cuite du maraîcher du coin, garnie d’ail, du persil du jardin, et d’un œuf frais mollet de la poule voisine.

– Quand la patronne de la « Mouette Rieuse », la crêperie au cœur du village a commencé à sortir ses tables en bois et laver sa terrasse.

– Quand Céline Dion a confirmé son retour au festival des Vieilles Charrues à Carhaix-Plouguer cet Eté et que ça fait la Une du Télégramme de Brest et de l’Ouest.

– Quand un rayon de soleil a traversé un gros nuage argenté, puis la pluie est revenue, puis le rayon de soleil a re- traversé le gros nuage argenté, etc…c’est comme ça par ici.

– Quand mon Père a fait des provisions à l’infini, langoustines, rougets de roches, pots de miel du pays, araignées, 15 sachets de café moulu de la brûlerie de Plozévet car ses 3 filles arrivaient pour le week-end.

– Quand Catherine Deneuve alias Suzanne la POTICHE de F. Ozon, à Sainte-Gudule a pris les commandes de l’usine familiale de parapluies Michonneau-Pujol des mains de son phallocrate de mari Luchiniesque et que Karine Viard alias Nadège secrétaire  et maitresse de l’ horrible patron lui a voué allégeance. Vive le Potiche’s Empowerment!

DUMALI

Celle qui perd son chemin.

Celle qui perd son chemin. Celle qui mange une seule cacahuète et meurt d’un œdème de Quincke. Celle qui a un sourire pincé. Celle qui meurt de chagrin. Celle qui se lève à cinq heures et boit un verre de lait devant le frigo éclairé. Celle qui craint de réaliser ses désirs et se saborde toujours avant la fin. Celle qui oublie son blob dans un boite de Pétri pendant les vacances de Pâques et trouve à son retour son labo couvert d’un lichen jaune et poisseux. Celle qui veut apprendre le langage des poulpes. Celle qui caresse les herbes adventices. Celle qui boit trop. Celle qui rit grassement et s’étouffe. Celle qui n’a jamais le temps. Celle qui ne comprend rien. Celle qui n’a peur de rien.

GF

Tu as des grandes mains, fortes.

Tu es là assise dans ton fauteuil. Tu regardes par la fenêtre les gens qui passent. Il n’y en a pas beaucoup, la rue est calme. Tu te demandes qui va venir te voir et surtout quand. Enfants, petits-enfants et arrières petits-enfants sont loin, occupés. Leurs photos sont là, posées sur le buffet ou accrochées au mur. Tu as eu une vie simple, une vie de labeur. La ferme, les bêtes, les champs. Tu servais aussi lors des banquets et des fêtes, petit tablier, efficace. Ta porte était toujours ouverte, pour le voisin, l’ami qui passait. Tu aimais cuisiner, tu aimais les grandes tablées, nappe blanche le dimanche dans la grande salle, dans la cuisine les autres jours. Tu as des grandes mains, fortes. Des mains qui ont travaillé. Tu as même peur de prendre des tout-petits dans tes bras. Et pourtant, avec ces mains, tu tricotes de jolies choses pour eux. Et pourtant, avec ces mains, tu peins : une vue du canal, une vache dans un pré, ton univers. Tu aimes les gens. Tu aimes leurs histoires. Tu racontes la guerre de ton mari. Tu racontes le temps d’avant. Mais tu restes silencieuse quand il s’agit de nous et tu as ce sourire et cette fierté de savoir que, tous, nous avons tracé notre chemin.

Saskia

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Elle fut ma mère de Vie.

Je l’admire pour son charisme ; pour son ouverture aux autres ; pour son assise dans la vie ; pour son opiniâtreté à réussir sa vie ; pour sa vérité lumineuse ; pour son amour généreux des autres ; pour son amour de la famille ; pour sa NEGRITUDE. Elle fut ma mère de Vie.

HLM

Ronde de la vie, joies et peines mêlées.

Chose DESOLANTE entendue dans une émission de 1970 sur les femmes.

Chose INACCEPTABLE de nier l’autre. Chose REVOLTANTE de le voir mourir d’avoir fumé.

Chose DETESTABLE de l’écouter des heures nous raconter ce qu’il a mangé.

Chose MERVEILLEUSE de les avoir vu s’aimer.

Chose si TOUCHANTE de voir l’enfant gazouiller.

Ronde de la vie, joies et peines mêlées.

HLM

Celle qui a laissé sa TRACE.

Celle qui est née sans le sous,
Celle qui est née pleine de rêves,
Celle qui a su rompre les amarres,
Celle qui a su s’engager de toute sa personne,
Celle qui a su ne jamais, jamais abandonner son rêve,
Celle qui qui a su se dépasser, toujours,
Celle qui as renoncé à une vie de douceur et qui a su vivre 100 ans,
Celle qui a marché dans la neige,
Celle qui a marché sous le soleil brûlant,
Celle qui a parlé, compris ceux qui étaient d’un autre monde, si différent,
Celle qui a laissé sa TRACE.

HLM

Il fixe comme fasciné mon dernier Samsung.

Choses culpabilisantes :  L’enfant qui accompagne sa mère qui fait la manche, arrivé à ma hauteur, il fixe comme fasciné mon dernier Samsung.

Choses révoltantes : Les contrôleurs, bodybuildés, tatoués, qui débarquent dans le tram comme une meute enragée. La prise d’otage auditive de la voix faussement féminine et robotique qui répète, dans le tram, dans les rues, inlassablement, les injonctions sanitaires. L’appel de l’avocat de l’homme qui a tué Georges Floyd, qui cherche à annuler le verdict de culpabilité de son client en pointant les défaillances de la justice.

Fanny

Choses qui remplissent de honte

La vaisselle accumulée dans l’évier. Lâcher un pet dans une bibliothèque. Un ami qui parle de souvenirs communs que j’ai complètement oubliés. Une colère énorme contre un employé d’une plateforme téléphonique qui n’y est pour rien. Une promesse qu’on ne tient pas. Une femme à bout de nerf qui dit à son enfant : « je vais te démonter la tête » puis subitement le couvre de baiser. Un homme qui cogne son chien. Le visage des hommes, femmes et enfants qui se noient en Méditerranée. Les corps de celles et ceux qui dorment dans la rue. Les voix de celles et ceux qui ont été victimes d’inceste. Mon indifférence, mon silence, mes protections.

GF

Celle qui, par amour des talons hauts, continuait, une fois pieds nus à se tenir sur les pointes, je l’ai connu.

Celle qui prenait le bus, tôt le matin et avait tant à se raconter qu’elle craignait qu’on ne la surprenne à se parler à voix haute, dans la pénombre du matin, pleine d’entrain, je l’ai connu.

Celle qui portait ses tabliers, dans la campagne andalouse, comme des pièces de haute couture, je l’ai peu connu.

Celle qui, par amour des talons hauts, continuait, une fois pieds nus à se tenir sur les pointes, je l’ai connu.

Fanny

Je dis NON à la kardashianisation du monde.

Je dis NON aux mots blancs, vides, bavant et bêlant de fausse bienveillance, les « du coup », les « belle journée », les « pas de soucis », je dis NON au « prenez soin de vous ». Je dis NON au parking, aux meetings, aux buildings, NON au contouring, au marketing, au tuning, NON au planning, au budgeting, au controling, au shaming, au consulting. Je dis NON aux indicateurs de performance.  Je dis NON aux maîtres des chien qui crottent le quartier du Piol, au mètre étalon, aux mètres de distance. Je dis NON à la kardashianisation du monde, à la cyrilhanounaisation de la pensée, à l’instagramisation de l’esthétique, à la facebookisation de la conversation, à la bisounourfication de la morale, à la youpornisation du sexe. Je dis NON à la privatisation de chemins de traverse, à la marchandisation du cool. Je dis NON aux ayants-droits, aux ayant-tout. Je dis NON à l’avoir comme mesure de l’être. Je dis NON à l’espoir idiot devant les catastrophes. Je dis NON à la fabrique de l’impuissance.

GF

Au centre, il y a une grande place, ouverte aux quatre vents, tiède comme la paume de la main….

La ville de Cambiostanza s’étend sur la rive gauche du Pô. Au centre, il y a une grande place, ouverte aux quatre vents, tiède comme la paume de la main et au centre de la place un panneau couvert de clés qui ouvrent toutes les portes des maisons de la ville : villas américaines ou romaines, cabanons, manoirs anglais, tentes de fortune, appartements bourgeois, barres HLM, pavillons de banlieue, lofts minimalistes, maisons de ville bohème, centre de détention, résidence universitaire et même un palais Renaissance. Chaque mois, le conseil municipal de de Cambiostanza distribue les logements au hasard aux résidents de la ville. Seuls les morts du mois d’avant vont rejoindre leur dernière demeure de l’autre côté de la ville sur la rive droite du Pô et bien sûr, les nouveaux nés restent avec leurs parents. Les nouveaux arrivants commencent toujours par loger au palais en guise de bienvenue. Le dernier dimanche du mois est consacré au Grand Remaniement Résidentiel, le GRR. Chaque habitant emporte sa petite valise avec quelques effets personnels puis va déposer sa clé sur la grande place et récupérer celle de son futur logement. Evidemment, certains râlent et d’autres se réjouissent, certains signalent des petits problèmes domestiques (une fuite dans la salle du bain du Loft Riverside, le jardinet à tondre au pavillon Sam Suffit) ou des améliorations apportées au logement (des toilettes sèches au cabanon, des douches chaudes au camping), tout le monde discute, négocie, s’invective, se souhaite “bon séjour” ou “bonne chance” avec plus ou moins de sincérité. C’est un peu le bordel mais on finit par s’ajuster. Au fil des années, la ville de Cambiostanza a considérablement réduit les inégalités.

GF

Tout ce petit monde ne se mélange pas spontanément. Il faut la magie du pinceau ou même du couteau pour les mêler.

Je perçois en arrivant dans cette ville des histoires, des odeurs et des couleurs qui me parlent de ma grand-mère … Les habitants sont tous différents : certains sont grands et joufflus ; ils sont alignés fièrement. D’autres sont cabossés, usés, pressés et entassés à la périphérie. Des jaunes viennent de Naples, des verts d’Angleterre, des bruns de Sienne, des bleus de Berlin, de Prusse ou d’outremer … Les parfums sont ceux de l’huile, des essences, du bois, du métal… Comme partout, il règne dans cette ville des à priori, des préjugés ; on dit de certains qu’ils ont des couleurs froides ou chaudes, douces ou criardes, vives ou ternes ; d’autres sont même considérés comme primaires ! Tout ce petit monde ne se mélange pas spontanément. Il faut la magie du pinceau ou même du couteau pour les mêler. Alors les habitants se mettent à danser et créent une symphonie vibrante et puissante.

Sovy

Il ne mérite pas d’être suivi.

Je ne sais pas dire NON. Je dis OUI à un manager qui doit recruter en urgence. Je dis OUI à un technicien qui a besoin de me parler à 18h. Je dis OUI à mon équipe en Californie pour un point hebdomadaire à 21h – Les enfants seront couchés. Je dis OUI au Directeur général pour un week end de réflexion stratégique au vert, un homme brillant, exigeant, visionnaire, charismatique. Je carbure au coca et aux bonbons Haribo, je croule sous les post it… Plaisir des rencontres, défis intellectuels à résoudre, volonté d’apprendre, fierté de faire partie d’un comité de direction d’une entité prestigieuse, sentiment d’utilité… Ivresse, tourbillon, engrenage… Un jour, le Directeur challenge un chercheur venu présenter ses résultats au comité de Direction, il s’acharne sur lui ; le quarantenaire s’effondre en pleurs. C’en est trop. Cette humiliation en public me fait réaliser le manque de respect dont le Directeur fait preuve depuis des mois. Obnubilé par sa vision, il avance sans regard pour ses troupes. Il ne mérite pas d’être suivi. Une semaine plus tard j’annonce mon départ de cette entité.

Sovy

J’ai crié NON à la porte fermée. J’ai crié NON à la porte qui claque.

J’ai crié NON à la porte fermée. J’ai crié NON à la porte qui claque. Je dis NON à l’effacement d’une vie de rencontres. Et je dis NON à la ruine de ce que j’ai bâtie. J’ai crié NON à l’absurdité des choses. J’ai crié NON à la méchanceté, au harcèlement du plus fort de celui qui parle le mieux, de celui qui sait s’imposer. Je dis NON à celui qui vous abaisse te vous traîne dans la boue. Être maudite, humiliée, condamnée… Mais qui renaît dans sa fierté.

HLM

Il n’y a pas d’entrée ou de sortie à Donnut City et au final, le monde y tourne rond.

J’habite à Donnut City. C’est une ville sans centre, en forme d’anneau, comme ça tout le monde est équidistant du non-centre. Une ville égalitaire. Le rayon n’est pas très grand, une dizaine de kilomètres. Tous les 10 degrés, une station de métro sur une voie circulaire à double sens. Tous les 30 degrés, se trouve un co-radial, groupement médico-commercial, tous les 60 degrés salles de concert et théâtres, tous les 90 degrés un parc. Il n’y a pas d’entrée ou de sortie à Donnut City et au final, le monde y tourne rond.

SavoyFrenchyFrog

NON à l’inceste et la peste

Je dis NON aux gloutons, moutons et démons, NON aux religieux, pieux et vertueux, NON au bourgeois, sans joie, ni foi ni loi, NON à l’inceste et la peste, NON à Trump, ce chum de dump, pump a merde, NON aux traditions, sans raison, à vocation d’indignation, anti-insurrection, NON à la fonte des glaces, aux ours polaires qui se déplacent, au changement climatique qui menace, NON à la cruauté animale, à l’abus de la bête à poils, à tout haine viscérale.

SavoyFrenchyFrog

Sur un trottoir gris, sale et puant je zigzague entre les sans-abri.

Je descends du tram. Sur un trottoir gris, sale et puant je zigzague entre les sans-abri. Puis c’est la gare du midi avec ses néons, ses panneaux d’affichage, des gens pressés, affairés ou bien désœuvrés… J’ai le temps d’acheter des bonbons Haribo pour moi et des chocolats à offrir. Je monte l’escalator pour rejoindre le quai plus calme et plus frais. Le train rouge est là. Dans mon wagon, un village éphémère s’installe. Pendant 1h22 j’observe les vies autour de moi : des professionnels absorbés par leur ordinateur, des touristes dévorant leur guide, des parents nourrissant leurs enfants, des copains riant fort avec leur bière… Je découvre des postures, des regards, des rides, des odeurs, des voix qui se racontent. J’imagine des histoires. Le paysage défile très vite, toujours plat. De grands champs, quelques villages et puis pendant longtemps, les banlieues. Paris est annoncé en français, flamand, anglais et allemand. De toutes façons, on ne risque pas de louper le terminus gare du nord ! Envie d’être accueillie au bout du quai mais une fois encore, je descends seule l’escalator et m’engouffre dans le métro.

Sovy

On aura essayé mais tout s’est effondré.

Poème à crier dans les ruines.

Parce qu’on a essayé

Parce que tout s’est effondré

Parce que la fin de quelque chose est le début d’autre chose.

J’ai froid. Je m’éteins. Faut-il partir loin très loin, vite très vite ?

Peut-on bâtir des projets sur des ruines ? D’autres l’ont fait. Signe.

Mais où aller ? Il ne reste plus rien, tous les arbres sont morts.

Les fleuves asséchés et la Terre déchirée nous rappellent qu’on a vécu, qu’on a fait pousser, qu’on a récolté.

On aura essayé mais tout s’est effondré.

Eline

Il faut savoir partir, mais revenir.

Poème à chanter en haut des montagnes.

Parce qu’il faut toujours essayer d’aller plus haut.

Parce que tout se reconstruit.

Parce ce que toujours d’un mal sort un bien qui vous comble et vous réchauffe.

Il faut savoir partir, mais revenir.

Comme l’arbre sans feuilles de l’hiver reverdit au printemps.

Qu’il faut sauver la terre, si riche de graines qui re-germent toujours.

HLM

Parviendront-ils à réaliser un arc en ciel ?

Les tournesols La famille Jaune de La Palette invite le jeune Vert de Véronèse à se tourner vers le soleil mais la météo reste désespérément pluvieuse….

La composition : Grand événement à la Palette. Le célèbre cinéaste Miet Pondrian vient tourner son nouveau film, Composition IX dans la ville ! Les rôles principaux seront tenus par Noir d’Ebène, Jaune de Chrome, Rouge Vermillon et Bleu d’Outremer. Il leur reste à trouver règle et équerre pour finaliser le projet.

L’arc en ciel (à partir de 8 ans) C’est la fête de fin d’année à l’école de La Palette. Les tout petits vont eux aussi s’exprimer devant leurs parents. Parviendront-ils à réaliser un arc en ciel ?

Pierrot et Arlequin à La Palette Pierrot et Arlequin arrivent d’Italie pour se faire confectionner un costume à La Palette. Pour Pierrot l’affaire paraît simple. Arlequin, lui, doit solliciter beaucoup d’habitants. Lequel des deux sera habillé en premier ?

 

Sovy

Des monceaux d’or à moi seule destinés

Pour aller à l’école Ferdinand Buisson, on traversait la cité Pouillon : des grands cubes de béton blonds, une esplanade couleur saumon et des pelouses bordées de troènes. Le gardien de ce grand ensemble était un grand escogriffe, pâle et roux qui marchait au pas de l’oie le long des haies en uniforme bleu pétrole ; on ne le voyait jamais arriver quand on allait piétiner les plates-bandes. Il sifflait un coup bref et nous montrait du doigt le panneau Pelouse Interdite puis repartait silencieusement en rasant les murs. Depuis les haies de troènes et les uniformes suscitent en moi un sentiment diffus de menace. A cette époque je me figurais que derrières les haies, enfoui dans la terre, il y avait un trésor, des monceaux d’or à moi seule destinés. Mais pour cela, il me fallait acquérir une pelle et agir de nuit pour échapper à la vigilance du gardien. Deux conditions pas faciles à remplir quand on a six ans.

 

GF

Je les sens, je les vis, je les rêve encore

C’est l’odeur qui me guide vers ces noms étranges, sur ce trajet fait cent fois, mille fois vers les rochers de Fontainebleau. Que ce soit celles de l’hiver ou bien de l’été, elles sont là et envahissent ma mémoire. L’odeur forte des fougères et des bruyères en fleurs me mènent à l’Isatis Les champignons d’automne à la forêt de pins de la Cuisinière. L’odeur du bois mouillé à travers les bouleaux du 95/2 La chaleur odorante qui monte du sable si fin du chemin sans fin qui nous mène à la Tête de Chien et aux rochers du Cul de Chien. L’odeur, et les dessins que la mousse dessine sur le rocher de l’Eléphant. Les Trois Pignons, les Vingt-trois bosses, je les parcoure dans mon souvenir, je les sens, je les vis, je les rêve encore. Et je dépose en pleurant quelques poussières de celui qui se mêle à ma vie.

 

HLM

 #BalanceTaPhilo

10 façons et même plus, de changer le monde (selon moi)

  1. D’abord changer son monde, son petit monde à soi, riquiqui, limité, abîmé, son petit monde de tique obstinée et aveugle en se laissant traverser par tout ce qu’on sera capable de recevoir et de toucher, d’entendre et de dire, de penser et de rêver. S’ouvrir au monde
  2. Offrir à chaque terrien et terrienne, deux nationalités : une nationalité au tirage, celle de sa naissance (droit du sol ou droit du sang ?) et un autre au grattage découverte à l’âge de 18 ans. Née à Stockholm, citoyenne nigériane. Natif de Khartoum, citoyenne costaricaine. Le grand loto des passeports.
  3. Demander à chaque homme adulte de porter une burqua de polyester (j’en ai une à la cave) pendant deux heures au soleil pour bien sentir la valence différentielle de sexes et la transpiration.
  4. Croire dans l’efficacité de quelque chose : de la parole ou du coup de pied au cul, de la méditation ou du faire ensemble, du silence ou de la révolte, du vélo de route ou de la poésie. Peu importe. Même si ce viatique est illusoire. Croire que quelque chose de bon peut en sortir.
  5. Ne pas s’y croire. Ne pas se définir par cette croyance. Ne pas la fétichiser.
  6. Ne pas avoir des idées sur tout mais être une idée. (Merci JC Bailly)
  7. Etre pacifique et de bonne humeur le plus souvent possible ; bon sang, rien qu’avec ça, la terre serait un paradis.
  8. Chercher à qui s’adresser, se chercher une famille d’adoption qui n’est peut-être pas celle qui vous mise au monde, se chercher un pays d’adoption qui ne se trouve peut-être pas sur une carte. Se faire une place. La prendre.
  9. Ecouter ceux qui n’ont rien à vendre. Honneur aux poèmes ! Ce n’est pas le pognon qui sauvera le monde.
  10. S’intéresser aux manières d’être au monde des humains, du monde animal, végétal, minéral, du monde animé et inanimé. Suivre les lignes du vivant.
  11. Cesser de se plaindre, cessez de se plaindre de ceux qui ne cessent de se plaindre.
  12. Aller vite et faire preuve de patience. Changer son rapport au temps.
  13. Rompre immédiatement et définitivement avec la fabrique de l’impuissance, l’idéologie de l’impuissance, le confort de l’impuissance.
  14. Rompre immédiatement et définitivement avec le fantasme de la toute-puissance, l’illusion de la toute-puissance, la violence de la toute-puissance.
  15. Dépasser l’opposition de la pensée et de l’action, de la théorie et de la pratique, de la vision et de l’exécution. Penser en situation. Penser dans l’action. Apprendre sur ce point du théâtre et de l’art de l’improvisation. Mettre son intelligence dans la capacité à se saisir des situations et à réagir. Suivre la voie du Tao (mais sans couper des têtes)
  16. Limiter le plus possible les grosses bagnoles, les motos pétaradantes, les scooters hurlants. Privilégier les transports en commun, les véhicules légers et la marche à pied. Oui, ça va gueuler sur les ronds-points. Tant pis.
  17. Apprendre à aimer la légèreté, la neutralité, la modération, la fadeur. Ne pas réclamer l’intensité de tous les instants.
  18. Grandir.

 

GF

j’aimais à compter les bornes blanches

Après l’heure du goûter des enfants, elle et moi partions pour notre rituelle promenade le long du canal. Ma main dans la sienne, ferme et douce à la fois, toujours rassurante, nous parlions peu mais savourions le calme et la quiétude du moment à travers ce chemin d’herbes folles, de petits cailloux gris et de grands bouquets violets de chardons. Ça sentait la terre, l’humidité et plus loin sur le sentier le parfum douçâtre du grand acacia de la voisine. Comme à l’accoutumé, j’aimais à compter les bornes blanches tout au long et, comme toujours, je suivais le cheminement grâce aux pierres que nous avions empilées les unes sur les autres depuis bien longtemps. Plus loin encore nous saluions le pépé Marius qui toujours nous souriait de sa bouche édentée. Et puis rapidement nous entendions la petite cascade que faisait le canal se déversant d’un petit batardeau à l’autre. Enfin, juste avant notre arrivée, nous observions une fois de plus la colline faisant face avec ses différentes teintes de vert, nous en avions dénombrés au moins 15 ! Finalement mon attention se fixait sur le grand micocoulier déployant ses robustes branches à portée de bras. Grand-mère me cueillait quelques micocoules que je m’empressai de suçoter puis s’amusait un moment avec les feuillages les plus bas pour me faire rire aux éclats, bienheureuse que j’étais de ressentir les chatouillis que cela me procurait.

LN

Dans la grande bleue vivent différentes cohortes d’humains-poissons, qui se regroupent en colonies.

Dans la grande bleue vivent différentes cohortes d’humains-poissons, qui se regroupent en colonies. Ces colonies se différencient par particularités et par villes, chacune ayant un langage différent mais que tous comprennent. Une des villes que je connais davantage est faite en forme d’arc-en-ciel, par rangée de couleur, qui peuvent se croiser par moment mais qui se reforment toujours en arc dès qu’il n’y a plus nécessité. Les humains-poissons y vivent en grande harmonie les uns face aux autres, plus de civilisation arriérée caractérisée par les inégalités sociales, le racisme, la monnaie, plus d’autoroutes urbaines, d’air vicié, de concentration de l’habitat, de mauvaise mine et d’agressivité des habitants, plus d’industrie agro-alimentaire et chimique, de fabricants d’armes, de tabac et d’alcool, d’industries pharmaceutiques et nucléaires, etc. ; ici une civilisation évoluée et égalitaire dans une ville en parfait équilibre, des habitats-bulles tout en légèreté, en symbiose avec leur couleur, sans contrainte de sédentarité, se laissant portée par les courants océaniques, voguant sans guerre ni chef, une civilisation totalement singulière et hédoniste ! Les habitants de cette ville pratiquent certaines disciplines comme la méditation et la télépathie. Cependant étant tous sans lacto-glutano/végétaro-végétalo-véganiens, ils sont contraints de chercher le contact avec des nouveau-nés, solution alternative pour se recharger. Chaque humain-poisson doit alors une fois par quinzaine prendre un bébé dans ses bras, jouer avec lui, prendre soin de lui quelques heures puis le remettre à ses parents. Ainsi il est rechargé et peut continuer sa propre vie…

LN

Cela a fait de moi une révoltée avant l’âge

Très tôt, enfant de neuf ou dix ans environ, un jour j’ai su qu’en France on avait ‘’le droit’’ de tuer des gens parce qu’ils avaient commis un crime ; j’ai compris que l’homme qui jugeait le criminel, lui, s’autorisait à assassiner. Cette réalité m’a jeté dans un précipice et un effroi qui m’ont fait cauchemarder de nombreuses nuits dans cette enfance déjà bien houleuse. Cela a fait de moi une révoltée avant l’âge, portant déjà auprès de la famille petite banderole en carton avec slogans désordonnés mais prolixes de petite fille indignée du haut de sa précoce maturité. Cela m’a guidé jusqu’au curé du village (en ce temps-là j’étais encore obligée d’aller au catéchèse) pour lui demander -persuadée que c’était à lui de nous aider- de faire tous ensemble une lettre au Président de la République Georges Pompidou. Il fallait convaincre le monde d’arrêter de guillotiner des personnes même si elles avaient fait du mal, c’était porté l’expression de ‘’mon’’ indignation en haut lieu et que cela soit entendu ! Je me souviens encore de la petite rédaction demandée par notre sévère institutrice : ‘’Tu viens d’être élu(e) ou président(e) de la République. Écris le discours que tu vas prononcer’’. Inutile de vous dire que ce travail d’atelier d’écriture d’aujourd’hui m’a renvoyé à cette rédaction ! A 16 ans, j’ai souhaité faire partie d’Amnesty International et y ai milité de nombreuses années, bien après encore l’abolition de la peine de mort alors que j’avais 22 ans. Depuis je n’ai cessé de m’insurger contre toutes les injustices, des plus bénignes (mais y en a-t-il vraiment des légères ?) aux plus énormes…

LN

En avant ! on serpentait sur la route des volcans.

Plaine de la Merdogne – Dimanches d’enfance. Il nous fallait TOUS les dimanches, quitter à regret notre rue pavillonnaire, nos copains, nos vélos aux rayons desquels on accrochait un bout de carton pour faire le bruit d’une pétaradante mobylette, nos patins à roulettes en acier et 4 roues motrices, les cavalcades à flanc de coteaux du bout de la rue. Dans la 504 bleu turquoise, nous 4 derrière serrés, le cœur gros, ma petite sœur et moi abonnées aux places du milieu, celles aux fenêtres réquisitionnées par nos deux ainés, injustice sourde que jamais la miséricorde parentale n’a daigné prendre en compte, chien haletant et bavant à nos pieds. En avant ! on serpentait sur la route des volcans. A perte de mes petits yeux ronds, bleus et mirots, la chaine des 80 puys de Dôme, élimés, tapissés de végétation, nous étions perchés à 1000 mètres, vent carrément frisquet dans notre paysage façon étiquette de Volvic. 5000 ans auparavant ça dégorgeait de la lave sérieusement par ici alors je guettais le moindre tremblement sous nos pieds et jaillissement de fumerolles, priais toutes les Madones connues pour qu’ils restent vraiment endormis ces Vulcains-là. Sous nos semelles des milliers de morceaux de lave, roche marron chocolat parsemée de petites bulles, crissement de la roche, des billes sur lesquelles nous trébuchions allègrement, idéales pour écorcher les nos genoux. Le point culminant de la balade dominicale était le monument en pierre de lave, dédié à Vercingétorix, sommet de l’édifice représentant son casque. L’histoire rabâchée de dimanche en dimanche par la voix paternelle, en – 52 avant JC il avait vaincu ici même les armées de Jules César qui pourtant tenait à “rabattre la jactance gauloise et redonner du courage aux siens”. L’immensité topographique fusionnant avec celle du grand escogriffe, équipé d’énormes moustaches rousses retombant sur son torse nu, glaive saillant à l’assaut des légions romaines et tout autour les volcans en fusion…. Vivifiant mais tout de même hâte de rentrer aux abris et se plonger dans nos bédés préférées, retrouver la version douce de Vercingétorix, le forgeron Vulcain, Cétautomatix, au cœur du village d’irréductibles gaulois quelque part en péninsule bretonne et loin de la plaine de Merdogne ou plateau de Gergovie.

DUMALI

Les citadins sont fluides et légèrement ovoïdes

Ma ville CitÉlastiBulle

Les citadins sont fluides et légèrement ovoïdes, des bulles unisexes qui se déforment, s’allongent, fragmentent et fusionnent, roulent, rapetissent, se dilatent…donc se métamorphosent en fonction des nécessités ou des envies de l’instant. On les croise vaquant dans la CitÉlastiBulle arrosoir, grue, bateau, lance à incendie, antenne parabolique, baobab, porte-voix, parasol géant, hélicoptère, marteau piqueur, toboggan, piscine…. des ectoplasmes tels que je vous les dépeins. La rondeur les caractérise, ainsi que leur bonhomie, leur bienveillance constructive, solidaire et altruiste. Partout dans cette ville des stations de rechargement dotées de pailles géantes multicolores, les citernes sont remplies de liquide un peu gluant, tendance dégoûtant, de toutes les couleurs, plutôt criardes, des liquides énergisants que les CitÉlastibullins pompent en fonction de leurs émotions ou fonction à venir. La ville est composée de maisons bulles interconnectées, des coupoles blanches, des voiles de Béton façon voûte du CNIT à la Défense ou tel le palais Bulles de Pierre Cardin en baie de Cannes. On passe de l’une à l’autre grâce à des tunnels. Chaque maison Bulle a une fonction, Ecole, Bibliothèque, Hôpital, Gymnase, Cinéma, Théâtre, Atelier de réparation de pailles,  Cantine communautaire, Jardin potager, Salon d’esthétique pour se refaire la Bulle, Dortoir, Chambre de Méditation…L’ambiance à la CitÉlastiBulle est gaie, ludique, on s’assemble et se rassemble, on joue et interagit, on jardine et on coud, on fabrique du pain et on nourrit les poules, on bine dans le potager, on lit, on observe les oiseaux du ciel…Il y a des groupes d’amis, des sportifs, des glandeurs, des sur-actifs, des musiciens, des familles, des duos et trios, des manifestants qui réclament plus de couleurs dans les citernes, des poètes, des boulangers… Cette ville fait un peu acrylique-synthétique, elle est pourtant envahie d‘une nature tropicale, des manguiers, des frangipaniers, des flamboyants, des bougainvilliers, des palétuviers. (je dis palétuvier car c’est joli mais en fait je ne sais pas trop si c’est tropical, la chanson avec Pauline Carton en 1936 était, elle,  certainement tropicale et coloniale :  « Ah! je te veux sous les PAL… je te veux sous les LÉ… les palétuviers roses… »).

Voilà une ville utopique CitÉlastiBulle ou ça roule ma Poule.

DUMALI

Madame Simone Veil.

Celle qui a vu son adolescence s’envoler,
Celle qui a dû se cacher, subir l’humiliation, la peur,
Celle qui est devenue un numéro et a côtoyé l’horreur,
Celle qui est revenue et s’est relevée,
Celle qui a étudié le droit et les sciences politiques, qui a été magistrate et haut fonctionnaire.
Celle qui s’est battue pour les droits des femmes et pour les droits de l’Homme,
Celle qui a défendu l’Europe et travaillé sans relâche à sa construction,
Celle qui a été épouse, mère et grand-mère et qui a été femme politique,
Celle qui, souvent, a été la première et a montré la voie,
Madame Simone Veil.

Saskia

Mon cœur retourné dans le grand huit.

Choses culpabilisantes La vaisselle au bord de l’évier. Le linge qui sèche en haut de l’escalier. Le livre que j’ai commencé et que je ne réussis pas à finir. La petite babiole que je désirais plus que tout et que je me mets à haïr. Le tiroir devenu fourre-tout. Les petits post-it que je sème un peu partout. L’engagement que j’ai pris et qui maintenant me pèse. Le compliment que l’on m’offre et qui me met mal à l’aise. L’idée originale que tout le monde va trouver folle. La parole donnée à quelqu’un sans parole. Mon cœur retourné dans le grand huit. Le temps qui passe trop vite.

Saskia

Notes pour changer le monde

1) Récolter du courage

2) Croire qu’on peut changer le monde

3) Oser cueillir des idées en touffe, on verra bien si on en fait des bouquets

4) Se lever tôt

5) Être déterminé

6) Sortir de sa flemme

7) Se reposer car on ne change pas le monde si on est fatigués

8) Choisir ses combats

9) Faire ce qu’on aime

10) Aimer beaucoup

11) Faire confiance au bon sens

12) 100 fois sur le métier, remettre son ouvrage grâce au courage qu’on aura récolté

Eline

comme les parfums d’une forêt quand la nuit tombe

Chemin. Le plus souvent, lorsque je sortais du conservatoire, je rentrais à la maison. J’allais prendre le train, j’étais à 500 mètres de la gare. Légère pente ascendante. Ce trajet, j’ai dû le faire des centaines de fois. Je l’ai fait à 10h, à 11h, et à minuit aussi. En courant, en trainant les pieds, souvent seule, parfois accompagnée. A chaque fois, c’était une transformation. Ma journée était finie et souvent mes émotions choisissaient ce moment-là pour ressortir, comme les parfums d’une forêt quand la nuit tombe. J’ai pleuré des fois, mécontente de mon dernier cours de flûte, ou dépitée par mon examen d’harmonie. Je semais un peu de mes déceptions à chaque pas et la frustration laissait place à la fatigue. Demain semblait impossible à atteindre et arrivait pourtant indéniablement. Mes retours préférés étaient ceux après les concerts que j’estimais avoir réussi, c’est à dire : presque tous. J’étais légère légère légère, plus je marchais et plus l’apesanteur remplaçait le stress. En plus, c’était souvent ces fois-là que je faisais le Chemin du retour accompagnée par des proches qui étaient venus m’écouter. Je vivais ce parcours comme une récolte de potager : j’avais labouré, semé, arrosé et je pouvais enfin profiter les fruits de mon travail. Ce chemin m’a donné goût à la satisfaction personnelle et m’a montré à quel point les larmes d’amertume s’oublient vite.

Eline

J’étais, au mieux, un gros poisson dans une petite mare.

Gros poisson. Quand j’étais petite, mes désirs étaient simples. J’attendais les vacances, toujours. Je voulais jouer avec ma sœur, manger des bonbons, avoir un dragon et un cheval. Et puis après j’ai voulu sortir du lot. Pas forcément être la meilleure mais au moins dans les meilleurs. J’étais prête à beaucoup travailler pour ça : je me levais et me couchait plus tard que les autres, je n’avais jamais le temps de les rejoindre pour traîner dans la rue, je regardais moins de films, avait toujours 100 trucs à faire. Lorsque je croisais meilleur que moi, j’invoquais la patience en me disant que mon heure viendrait et qu’un jour j’aurai autant de réussite qu’eux, que j’avais juste une courbe de progression plus lente parce que j’étais différente. C’est tard que je me suis dit qu’ils étaient peut-être simplement plus forts que moi et qu’on m’avait menti pendant toutes ces années. Je n’étais pas quelqu’un d’exceptionnel. J’étais, au mieux, un gros poisson dans une petite mare.

Eline

Je suis une femme, je me tiens droite.

Je dis NON à la bassesse et à la paresse, je dis NON à l’égoïsme, à l’arrivisme et au charlatanisme, je dis NON aux donneurs de leçons et aux cons, je dis NON aux opportunistes et aux lèches bottes, je dis NON au je-m’en-foutisme ambiant et au laxisme rampant, je dis NON à ceux qui exagèrent mais aussi à ceux qui minimisent, je dis NON à l’obéissance aveugle et à la désobéissance permanente, je dis NON à l’adulation et toutes ces génuflexions devant des demi-dieux qui n’en sont pas. Je suis une femme, je me tiens droite.

Saskia

J’aime cette nature indomptée et indomptable.

Je laisse la maison et le village derrière moi. Le pont de fer au-dessus du canal marque la frontière. Il y a un profond fossé rempli d’eau où passent encore quelques rares péniches, entre le village et la campagne. Au-delà, les champs, terre ordonnée, terre travaillée. J’aime ces couleurs changeantes au fil des saisons, les blés blonds qui ondulent l’été, le marron gras de la terre tout juste labourée en automne, les verts tendres du printemps. J’aime la régularité des lignes, la taille immense des parcelles, la trace de l’homme dans ce paysage. Au-delà, aussi, les haies sauvages les bosquets touffus, la rivière qui clapote sous un couvert verdoyant. J’aime ce désordre, ce fouillis végétal, les herbes folles et même les ronces, les petites fleurs qui se cachent et se dévoilent ici ou là, la fraîcheur du petit ru qui paresse gaiement. J’aime cette nature indomptée et indomptable. Mais déjà, le chemin vallonné reprend de la hauteur. Un autre pont apparait. Et de l’autre côté, le village à nouveau.

Saskia

Derrière l’ambition il y a

Derrière l’ambition il y a … Un chemin, un mouvement, un élan, une dynamique, un voyage, Un chemin depuis un point, ou vers un autre, Un mouvement qui fait sens, impulsé par le NON à certaines choses ou le OUI à d’autres, impulsé par les rêves, Une dynamique de croissance, d’épanouissement pour moi ou les autres. Derrière l’ambition il y a … Une énergie, une volonté, un désir, une pulsion, un appétit, Une volonté de déploiement, d’accomplissement, de dépassement, Un désir de changement pour soi ou le monde. Derrière l’ambition il y a … L’action, l’expression … la vie ! Comme la marche sur le chemin, l’ambition peut être collective ou individuelle. Comme le désir, l’ambition peut être secrète, douce ou encore profonde, puissante, effrénée ou même désespérée. Je sais peu de choses de mon ambition d’aujourd’hui. Peut-être parce que je suis à l’arrêt. Je la perçois, parfois, épicée comme le poivre du Sichuan, rugueuse et solide comme le granit breton, rouge comme un étendard et grondant comme un torrent.

Sovy

Il fallait voyager léger, une seule valise par personne, préparée, fermée et déposée au bas du grand escalier

Chaque année, chaque été nous prenions le train pour aller passer nos vacances dans le Sud, à Beausoleil sur mer, dans la maison de ma grand-mère. Mon père était un homme d’habitudes et, au fil du temps, ce voyage était devenu un véritable rituel. Il fallait voyager léger, une seule valise par personne, préparée, fermée et déposée au bas du grand escalier de notre maison la veille de notre départ. Car mon père comme beaucoup d’hommes, stressait toujours quand il quittait partait en voyage. Nous partions à pied à la gare, à la queue leu leu comme des canards. Une famille de BD, les daltons en voyage. Et arrivés à la gare du Pereux il fallait mettre les valises en ligne devant le banc rouge, symbole de notre ligne de départ. J’imaginais l’arrivais d’un train à vapeur ; Bien plus aventureux qu’un train électrique. Mais chaque voyage était devenu un observatoire. Plus nous avancions géographiquement plus le paysage ressemblait aux gens du cru ou peut être le contraire. Vers le sud, les vieux étaient aussi noueux que les oliviers. Et j’aimais cette association végétale et humaine. Les teints terreux du Perreux devenaient dorés comme les blés des immenses champs qui s’offraient à nos yeux Chaque gare, chaque étape était une palette d’odeurs de couleurs d’images qui me rassuraient. Nous étions bien en route vers la maison de ma grand-mère.

Valentine

Je suis une femme qui doute

Je suis une femme qui doute. Étriquée à la campagne ? Libre en ville ? Les pieds sur terre ? La tête en l’air ? Le corps dans l’eau ? “Machine de guerre” lorsque je suis en confiance, je suis en quête perpétuelle de nouveaux défis.

Manu

Un jour, une limule est arrivée avec le livre “La terre est bleue comme une orange”

Au centre de Buen-Vivir il n’y a pas de centre. C’est une ville sans centre de mille lieues. Dans cette urbanité cardinale plurielle, il y a 7 quartiers. Chaque quartier a une couleur et change de couleur chacun des 7 jours de la semaine. Dans le quartier rose, les gentilés de Buen-Vivir -les ‘bien-vivantes’ – s’habillent en rose et mangent des baies roses. Les bien-vivantes qui désirent s’étoffer d’émeraude filent au quartier vert ou s’étirent au quartier bleu pour s’em-bourracher avec de délicieuses petites fleurs bleues. C’est le quartier des amoureux. Un jour, une limule est arrivée avec le livre “La terre est bleue comme une orange” et la bien-nommée bibliothécaire d’un jour ne sut dans quelle bibliothèque classer l’ouvrage : bibliothèque bleue ou orange ?…elle qui n’avait connu jusqu’alors que la bibliothèque verte. L’appel pour l’unique repas de la semaine préparé et pris en commun tintinnabule une des 7 notes de la relativité. Aujourd’hui le ‘batch’ a sonné le repas pour les habit-antes du quartier jaune, qui par gourmandise mémorielle se convivent autour d’une grande table-rond-point. Un jour, une poulpesse a ramené un texto de la vile-civilisation-barabare, deux siècles avant la Grande Transmutation. Ce texto associait une voyelle a une couleur. Les gentilés de Buen-Vivir apprirent à cette occasion qu’il n’y avait donc pas eu que des barabares à cette époque, que la tradiction (1) avait même nommé.es “poètes”, mais que même les poètes de la vile-civilisation-barabare finissaient par abonner la poésie pour vendre des armes dans la Terre-Sainte-da-Fric.

(1) Ndt : traduction/tradition ?

Les sirènes s’eaubonnent

Je dis NON au foutre magnétique des panneaux publicitaires qui scalpellent les cerveaux.

Je dis NON au foutre magnétique des panneaux publicitaires qui scalpellent les cerveaux. Je dis NON à la peau lisse, la vie est trop courte pour s’épiler la chatte. Je dis NON à l’argent sale, à l’argent propre, à l’argent liquide qui cascade dans nos veines et indécence nos désirs. Je dis NON à la société marchande qui nous subsument comme marchandises frelatées, obsolescence programmée des douceurs. Je dis NON à Tinder, Grindr, Meetic et toute la clique à plans cul-coeur sur commande, au menu, à la carte, rencontre algorithmée par l’ennui des mégabits. Je dis NON aux ‘dick pick’ de la phallocratie spectaculaire, y’en a assez des Knacki, tours Agbar, saucisses de Toulouse et Mister Freeze. Je dis NON au porno à papa, au porno à tata, au porno à cacapipitalisme.Je dis NON à l’élevage intensif industriel, qui truise torture le vivant en boucherie bouillie à burger. Je dis NON à l’injure phallogocentriste de l’Académie française, qu’on lui coupe la langue et qu’elle lui repousse nouvelle. Je dis NON aux Barbies, réification de synthèse, idéalisme mortifère à fabriquer des petites filles complexées mâle dans leur anticorps plastiques. Je dis NON aux tête de Turc, au tête de pipe, au tête de veau, au tête à claque, au tête de gondole qui front naufrager les bateaux de croisières à Venise. Je dis NON à la prison, non, l’enfermement concentrationnaire n’a jamais rendu quiconque meilleur. J’affirme que la vie est vivante, que nous avons la solution dans nos cœurs qui palpitent à crédit dans ce marais des horreurs, dans ces catacombes monumentales qui Frontexe la vie et Panthéonise la résistance.

Les sirènes s’eaubonnent

la nuit la ville m’appartient

La balade la ville la nuit, j’aime ça, la nuit la ville m’appartient, jamais peur dans la rue, la rue c’est chez moi, la nuit rend la rue plus enveloppante, plus éloquente, lumière chaude des lampadaires pulsés de sodium, suspension bruits feutrés en échos, démotorisation, désertion humaine, un rat par-ci un bar par-là, une file d’attente de cinéma en dernière séance, et puis l’avenue avec ses platanes, les commerces tous clos, les néons mettent en scène des objets de désir sans sujets, la nuit l’attraction marchande est suspendue alors je marche la nuit, la grand place maintenant elle s’ouvre goulue sur des rues couvertes en arcades, c’est une belle invention la rue couverte, drôle de sensation mi- dehors, mi- dedans, il y a du marbre au sol avec ses effets de pouring, lustré à force de polissage, il en a fallu de la force pour en arriver là, peut-être même de la violence, je marche sur du marbre et c’est comme un palais, il y a la fontaine d’Apollon, il y a la mer à l’horizon, la marche se fait automatique comme l’écriture surréaliste, la dérive psychogéographique, alors droite ou gauche, une ombre contagieuse passe par là, des rires explosent dans la fosse ça refoule les remugles et remonte sur l’échine, escalade brouhaha du babazouk touristique, ça coupe cours, partout les terrasses dégueulent de ripaille en pistou ça grouille de farcis et de crème solaire, ça se tapenade dans le dos avec des oh et des ah des litrons pastaga milles plateaux de socca et soudain en chemin de traverse, la montée du château, Nietzsche est passé par là, silence, un rat passe, l’Opéra n’est pas loin, “le monde entier est un théâtre”.

 

Les sirènes s’eaubonnent

Devenir des guerrillères du langage par Opoponax

10 façons de sauver la terre :

façon Monique Wittig : devenir des guerrillères du langage par Opoponax

façon Valérie Solanas : devenir de vrais salopes pour tailler les hommes en pièces

façon John Gray : renvoyer tous les hommes sur Mars et les femmes sur Vénus façon Conchita Wurst : transformer tous les hommes en femmes à barbe

façon Eric Zemmour : remasculiniser les hommes et surféminiser les femmes

façon Emmanuel Macron : épouser ses prof de collège et faire chuter la pression démographique sur les écosystèmes

façon Donna Haraway : devenir compost-istes et non post-humanistes

façon Paul B. Preciado : sauver le clitoris planétaire

façon Cyril Hanouna : inviter les frères Bogdanov et les soeurs Wachowski à débattre : “Terraformer la terre, Matricier la Matrix : pilule bleue ou pilule rouge ?”

façon Shadok : actionner la cosmopompe car il vaut mieux pomper même s’il ne se passe rien, plutôt que de risquer qu’il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas.

 

 

Les sirènes s’eaubonnent

dernière mise à jour : 27 mai

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