Journal de bord
par Geneviève Flaven
Le spectacle Indociles ! a été présenté le 18 février 2022 au théâtre Liberté à Toulon. A la fin du spectacle, la joie d’une soixantaine d’acteurs et actrices a électrisé la salle Camus pleine à craquer. On s’est dit que c’était cela la joie du théâtre : la proximité, le partage, l’ouverture des possibles et la peur effacée. Retour sur les grandes étapes qui ont rendu cette expérience inoubliable, le témoignage des participant.e.s mais aussi la captation du spectacle.
Découvrir en images le carnet de bord complet du projet :
Filmé et monté par Vincent Bérenger et Guillaume Castelot de la 7eme Scène, Châteauvallon-Liberté.
Paroles d’indociles !
Une soixantaine d’hommes et femmes de l’agglomération toulonnaise étaient engagés dans la création d’une pièce de théâtre de l’écriture à la scène autour du thème : avenirs et actes de résistance. Quelles ont été leurs motivations pour rejoindre l’aventure ? Quelle expérience a été la leur ? Barbara, Sarah, Serge, Didier et Martin ont répondu à quelques questions.
Un mois après le spectacle, nous avons lancé une enquête auprès des participant.e.s pour connaître leurs opinions. 42 d’entre eux ont répondu à nos questions. Les résultats de cette consultation ont été présentés et discutées après la projection de la vidéo du spectacle qui s’est tenue au théâtre Liberté le 1er avril 2022.
“Sur le plan personnel, je me suis découvert. Il était temps. Arriver au bout de cette aventure m’a procuré infiniment de plaisir et de bonheur.”
Didier T.
“Cette expérience humaine inouïe me pousse à croire que tout est possible et que la magie opère avec-et-pour le collectif.”
Barbara L.
“J’ai tiré de cette expérience bien plus que la satisfaction légitime d’un spectacle beau, émouvant et réussi. J’ai découvert nos propres richesses.”
Serge P.
“L’apothéose : apparaître sur scène, seule, devant une salle comble et jouer dans une jouissance extrême et recevoir des applaudissements soutenus”
Sarah H.
“J’ai été impressionné par le nombre de participants et cela m’a montré que même avec beaucoup de monde on peut produire un travail complet et très satisfaisant.”
Martin B.
Novembre
Ateliers d’écriture
L’aventure d’Indociles ! a commencé à la mi-novembre 2021 par une série de quatre ateliers d’écritures animés par Jacques Serena et moi-même avec une cinquantaine de participants. Je me souviens avoir dit : « nous allons écrire une pièce en collaboration à partir de vos récits personnels autour de la thématique Avenirs et actes de résistance que nous jouerons le 18 février sur la scène du Liberté. » Et j’ai ajouté, dans l’exaltation et l’inquiétude des commencements : “Tout est à faire ! “, suivi d’un petit rire nerveux. C’était parti ! Aux participants répartis en deux groupes, Jacques et moi avons proposé des sources littéraires semblables ou différentes pour donner envie d’écrire sur les thèmes de la révolte, de la résistance, des rêves d’avenir ou de l’utopie. Question de tempérament sans doute, avec Jacques, on distillait finement les sentiments ; chez moi, on criait sur les ruines ! Mais tout le monde se retrouvait en fin de séance pour une lecture collective et beaucoup de rires et d’émotions. Ainsi, près de 150 textes ont été écrits selon l’idée originale du projet 99 : des fragments courts, à la première personne et pensés pour le théâtre.
Découvrir en images les ateliers d’écriture :
Décembre
Composition et directions artistiques
Un mois après, un peu avant Noël, j’ai réuni Jacques Serena, Stéphanie Slimani, Alexandre Dufour et Hélène Charles, pour composer la pièce au cours d’une résidence de trois jours. Composer à plusieurs est un exercice subtil, où chacun doit exprimer son intention singulière tout en restant ouvert aux intuitions des autres. Parfois une phrase attire et ouvre la voie, parfois une image s’impose et permet de relier des fragments les uns aux autres. Peu à peu, d’une façon logique ou contingente, une forme polyphonique a émergé et modelé la matière des textes en un récit collectif joyeux et rebelle, articulant petites joies et grosses colères, rêveries intimes et détestations partagées.
Les grandes lignes de la mise en scène ont été définies à ce moment-là, posant des repères pour que les deux metteurs en scène Alexandre et Stéphanie et Hélène la chorégraphe puissent ensuite déployer librement les tableaux selon leurs sensibilités et préférences esthétiques. Déjà, se dessinait avec Alexandre, un univers coloré, onirique et organique animé par le corps collectif. Avec Stéphanie on évoluait dans un environnement urbain et minimaliste, rythmé par des solos. Hélène a suggéré des partitions corporelles en écho à ces propositions et chemin faisant, pendant ces trois jours, le grimoire complexe d’une création théâtrale totale s’est enrichie de pistes musicales (Nina Hagen, Brigitte Fontaine), d’idées de créations sonores (les mots chuchotés, le bruit de la pluie), d’envies d’accessoires et de décor (des cornets de glace, un costume de superman, des fleurs) ou d’ambiances lumineuses.
Texte, gestuelle, musique, lumières…
Au départ du tableau des “villes imaginaires” : une chaude soirée d’été, le bal s’achève, l’air est poussiéreux, une guirlande, les cornets de glace dégoulinent, des gens dansent, mollement sur la chanson C’est Normal de Brigitte Fontaine & Areski Belkacem
Pour écouter, cliquer -> C’est normal · Brigitte Fontaine & Areski Belkacem
Janvier
Ateliers de théâtre
En janvier 2022, les ateliers de théâtre ont commencé avec les élèves du Lycées Dumont d’Urville à Toulon, et une cinquantaine d’adultes répartis deux groupes entre le vendredi soir et le samedi matin. Quatre répétitions par groupe, c’est évidemment trop court : à peine a-t-on le temps de constituer l’équipe, d’attribuer les textes et d’explorer quelques pistes de mise en scène ou des mouvements que les quatre séances sont passées. Aussi quand début février 2022, nous nous sommes réunis pour faire le point et présenter les directions artistiques aux équipes techniques du théâtre (lumière, son, plateau), beaucoup restait à faire !
Répétition du groupe de Stéphanie Slimani
Février
Résidence de création et spectacle
La résidence de création s’est déroulée au théâtre Liberté du 14 au 18 février 2022 pendant les vacances de février. Elle rassemblait les participants, les artistes intervenants, les chargées de production et l’équipe technique recrutée par le théâtre. L’atmosphère du théâtre était accueillante, calme et protectrice et très vite, les acteurs et actrices d’un jour ont trouvé leurs marques, entre la salle de cinéma Toscan changée vestiaire et salle de répétition, les loges bien sûr la salle Camus. Les trois premières journées suivaient un tempo serré pour mettre au point les tableaux les plus longs et les plus complexes. Pendant que les douze tableaux s’enchaînaient au plateau, j’écoutais et regardais attentivement, me substituant parfois à une personne absente, travaillais les ambiances lumineuses avec Christophe Bruyas, affinais la conduite ou le choix des tenues, coordonnais avec Hélène la fabrication des masques fleuris et l’opération « boules de glace » avec Maud Jacquier et Alice Pernes, bref j’étais prise tout entière dans l’effervescence des préparatifs du spectacle. Les deux derniers jours ont été consacrés à la répétition des tableaux encore fragiles et au filage du spectacle complet. Le filage technique a été, comme c’est souvent le cas, un peu long et frustrant. La pièce est bien là mais malhabile, encombrée de scories inutiles. Le jeudi soir, veille du jour J, d’ultimes changements ont été décidés pour alléger et fluidifier certaines scènes. On les a répétés une dernière fois dès le lendemain matin. Puis en début d’après-midi, la générale et encore quelques anicroches : un rideau qui ne s’ouvre pas, une bande-son lancée trop tôt et trop fort, une mise en place trop lente, un placement imprécis…. Les dernières heures avant l’ouverture des portes sont passées très vite, chacun meublait le temps d’attente à sa manière. Çà et là, on mangeait, on dormait, on sortait fumer ou bien on se maquillait, on s’isolait ou on bavardait : des instants amusants d’avant-scène que la caméra discrète et facétieuse de Vincent Bérenger et Guillaume Castelot a bien saisi au vol. Un dernier échauffement collectif. Des mots simples pour s’encourager, se dire et se redire le plaisir qu’on a pris à vivre cette expérience ensemble. Embrassades. Quelques larmes furtives. Le spectacle pouvait commencer.
Le dernier échauffement avant l’entrée du public
Le 18 février dernier, la salle Camus, pleine à craquer
18.02.2022 à 19:30
Représentation
Indociles !
Direction : Geneviève Flaven
Ecriture : Jacques Serena, Geneviève Flaven
Mise en scène et chorégraphie : Stéphanie Slimani, Alexandre Dufour, Hélène Charles
Régie et équipe technique : Christophe Bruyas (Lumières), Arnaud (Son), Darshan (Régie), Pierre-Yves Frohlich (Dr. technique)
Chargées de production : Maud Jacquier, Alice Pernes
Captation, carnet de bord et création sonore : Vincent Béranger, Guillaume Castelot
Avec les textes de :
Pascale ANGELINI, Pierre AVRIAL, Manon BALTHAZAR, Magali BARON, Frédérique BEAL, Olivier BLAISE, Christine BOEGLIN, Florence BENOIT, Florence BOURDREL, Nicole BRAXMEYER, Olivier BUNOD, Patricia CANESSA, Claude CAREMEL, Monique CHABRE, Christine CIVALLERI, Elisabeth COHEN, Mireille CYVOCT, Dominique DEGUETTE, Paola DEL CASTILLO, Anthony DINO, Hélène DUGAS, Chantal EISBRENNER, Violaine FAIVRE, Nathalie FRESSE, Lydie GAILLARD, Aurélie GASPARD, Marlene GUILHERME FILGUEIRA, Sarah HABIB, Caroline HOWSON, Marie-Hélène IMPELLIZERI, Jeanne JAUBERT, Brigitte LASCOMBE, Jean-Marie LAURANT, Barbara LE GOFF, Vincent LE GOURRIEREC, Erwan LE GOURRIEREC, Jean-Marie LE NEINDRE, Olivier LEMIERRE, Natalie LESCHER, Melissa MARCOS, Cyrille MASSOUH, Didier MATRAS, Viviana MATTEI, Caroline MEGGLE, Ambrogio MESSINA, Marie-Ange METADIER, Zena MORET, Nohad MURKY, Elsa NARDINI, Justin NKOMBE, Ariane OBADIA, Solange PRADEAU, Serge PUECHBERTY, Dominique REMOND, Catherine SALETA, Joëlle SCHWARTZ, Antonina SCIORTINO, Yasmine SEDIRI, Jacques SERENA, Gérard SOMOZA, Sylvia STROPOLI, Didier TAVEAU, Annick TERNOIR, Claude THIBAULT, Bérénice VIDAL-SANZ, Carole ZAPORTA . Merci aussi à Alain BASHUNG, René BARJAVEL, Arthur RIMBAUD et Attila JOZSEF pour leurs contributions.
Au plateau :
Victoria AUGIER, Mireille AUTRIC, Martin BAIXE, Magali BARON, Frédérique BEAL, Corinne BERENGER, Anne BERENGER, Elodie BERREBI, Gabriel BERTOSSA, Olivier BLAISE, Anne-Marie BLITZ, Christine BOEGLIN, Dominique BONNEL, Fabienne BOUTONNET, Olivier BUNOD, Satine COMMES , Christelle CORSI, Mireille CYVOCT, Morgane DI RUSSO, Anthony DINO, Chantal EISBRENNER, Violaine FAIVRE, Nathalie FRESSE, Lydie GAILLARD, Aurélie GASPARD, Rawane GHARBI, Darine GUERRICHE , Sarah HABIB, Nadia HASSAINE, Marie-Hélène IMPELLIZERI, Julia INESTA, Maxime LANDAIS, Flore LANOE, Brigitte LASCOMBE, Barbara LE GOFF, Vincent LE GOURRIEREC, Ewann LE GOURRIEREC, Evan LECLERC, Olivier LEMIERRE, Francis LOPRESTI, Marie-Pierre LORENZI, Viviana MATTEI , Caroline MEGGLE , Juliette METRAL, Elsa NARDINI, Ariane OBADIA, Maël PEANO, Benoit PERIBERE, Domitille PERIBERE, Serge PUECHBERTY, Lina REVEST, Joëlle SCHWARTZ, Antonina SCIORTINO, Cecilia STOLZ, Geneviève SUZANNA, Didier TAVEAU, Annick TENOIR, Claude THIBAULT, Simone VIARD et Carole ZAPORTA.
Témoignages
Barbara L.
44 ans. 2 enfants. Habite à la Ciotat. Inconditionnelle de théâtre et de Kundalini yoga. Pratique le théâtre en amateur depuis 2 ans au Rideau Rouge à la Ciotat. A participé à un atelier d’écriture et à l’intégralité du projet scénique.
De spectatrice à actrice
A l’été 2019 lors d’un festival organisé par le Liberté à Toulon (je venais écouter la musique de Martin Solveig, un ami d’enfance) j’ai fait la connaissance de Charles Berling à qui j’ai déclaré toute mon admiration pour son travail. Une amitié est née. Dès le lendemain, j’ai eu envie de faire du théâtre et je me suis aussi intéressée aux événements du Liberté que je ne fréquentais pas jusqu’alors. Je me suis aussi abonnée à la newsletter du Liberté. A l’automne dernier Maud Jacquier chargée aux actions culturelles du théâtre Liberté envoyé un mail aux abonnés de la newsletter pour annoncer le lancement du Projet 99.
Un projet multidimensionnel pour vivre intensément ses valeurs
Je m’étais faite l’intime promesse de participer à un projet collaboratif à vocation artistique, culturelle & sociale si je survivais à un cancer du sein agressif décelé en 2018. Une déflagration dont je suis sortie viscéralement changée. Le théâtre est depuis ma thérapie, ma liberté, mon rêve. Ce projet multidimensionnel, participatif, ouvert à tous, de l’écriture à la scène) m’a fasciné dès sa lecture. Il a immédiatement allumé puis révélé en moi de manière tangible ce désir rendre tout ce qu’on m’avait offert, lors de ces années de soins. Il a résonné en moi comme une réponse à ma promesse de vivre chaque jour intensément selon mes valeurs : la passion du théâtre, la sensualité de la danse, l’aventure humaine, les échanges, l’accessibilité, la transmission, la communication, la création, l’émotion, la vulnérabilité, l’autre.
Telle une évidence. Tout était là. La peur également, mais qu’importe, go !
Des liens invisibles tissés par l’écriture
Le travail d’écriture avec Jacques Serena en atelier a été pour moi un acte de foi et de partage, vibrants de sincérité. J’ai découvert un homme passionné et passionnant, à l’écoute et heureux de nous accompagner dans cet exercice d’écriture collective. Il a permis d’insuffler dès les premières lectures une sorte de liens invisibles entre les participants, inconnus les uns des autres. J’ai été profondément émue d’écouter les textes personnels, dont la simplicité et l’authenticité ont nourri cette ambiance joviale et détendue, prémisse d’une aventure humaine extraordinaire. Ces 4 heures sont passées en une fraction de seconde.
Comme des éponges
J’ai apprécié de suivre le processus de création du duo metteur en scène/chorégraphe formé par Alexandre Dufour et Hélène Charles au fil de l’eau, selon leur inspiration, leurs émotions, leurs ressentis, sous la direction douce et déterminée de Geneviève Flaven. Nous étions attentifs, réceptifs à leurs consignes, pas forcément doués, mais profondément heureux d’être là, et cette joie a été motrice je pense dans le processus de création artistique. Nous étions « comme des éponges » nous a dit Hélène Charles. La transposition du texte INDOCILES ! à la mise en scène a été pour moi une révélation artistique : une catapulte bucolique et créative vers une autre dimension.
Mais également le tangible, le palpable, le concret : le théâtre. Découvrir l’envers du décor : l’accès aux loges, au couloir, aux recoins du théâtre Liberté, toucher les rideaux, effleurer le parquet, les murs, sentir la chaleur des projecteurs latéraux quand on est caché, sur scène, derrière les rideaux. L’intime plaisir de suivre le marquage au sol dans la pénombre, tout en écoutant attentivement l’autre groupe sur scène dans un silence quasi monacal ; s’émerveiller de la vue de la scène, face public, cela donne le vertige !
Le plaisir de donner une part intime de soi, c’est merveilleux. Se sentir sur le fil, c’est délicieux.
Un concentré tourbillonnant de vie
Ce que je garde, ce sont des images, des sons, des vibrations qui jaillissent encore impétueusement de mon cœur, une semaine après la fin de cette merveilleuse aventure : les échanges, les rires, les pleurs, les peurs, les rencontres, les frustrations, les euphories, bref ce concentré tourbillonnant de vie ! Que d’énergies uniques, entremêlées, de joie, de liberté. Le bonheur d’être une troupe, de sentir cette union se construire jour après jour, de se retrouver tous les matins, fatigués ou en forme, mais toujours heureux de vivre cette aventure ensemble, pour une cause commune : la vie de ce spectacle.
Je garderai et chérirai en moi tous les sourires, les encouragements de part et d’autre des longs rideaux noirs et partagés généreusement juste avant de se lancer sur scène, ou entre deux tableaux, la connivence des regards excités et terrorisés, la douleur de se quitter, l’exaltation de chaque minute vécue ensemble. La vie. La vraie.
Martin B.
27 ans. Passionné de culture audiovisuelle et numérique. Pratique la photographie et la vidéographie. Participe à différents projets artistiques (danse, expression corporelle ou théâtre).
J’ai été impressionné par le nombre de participants et cela m’a montré que même avec beaucoup de monde on peut produire un travail complet et très satisfaisant.
L’expérience nouvelle d’un projet participatif à grand échelle.
J’ai rejoint le projet après les ateliers d’écriture et j’ai pu retrouver des connaissances que je connais par le théâtre, activité que je pratique en tant que loisir. Ce n’était pas une découverte car depuis le lycée je participe souvent à des projets théâtraux mais la création de bout en bout d’un spectacle original m’était inconnue.
Recréer des liens
J’ai été impressionné par le nombre de participants et cela m’a montré que même avec beaucoup de monde on peut produire un travail complet et très satisfaisant. Je n’avais jamais entendu parler de ce type de projet participatif auparavant. Après la période de pandémie, ça m’a fait réellement du bien de pouvoir vivre et m’exprimer sur scène et de recréer des liens avec des personnes vivant la même passion.
Didier T.
Est ingénieur mais est-ce important ? A participé aux ateliers d’écriture avec Jacques et aux ateliers de théâtre avec Stéphanie et Hélène. Reconnaissable en scène à sa bouée Flamant Rose.
Une occasion unique
J’ai connu l’existence de ce projet par l’intermédiaire du Cercle des Mécènes de Châteauvallon – Liberté dont je fais partie. J’ai tout de suite été partant. Je me suis ensuite documenté pour bien comprendre le projet. Pour moi, qui n’avais jamais participé à un atelier d’écriture ni fait de théâtre et a fortiori n’était jamais monté sur une scène, c’était une occasion unique à saisir. Même si je me suis dit que je présumais peut-être de mes capacités.
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Un révélateur de capacités insoupçonnées
J’ai participé à toutes les étapes, autant de découvertes pour moi et j’ai apprécié pleinement chacune d’elles. Partir d’une feuille blanche, mettre sur le papier des sentiments, des souvenirs, exprimer des positions très personnels, faire partie d’un groupe de personnes ayant les mêmes motivations, le même but, échanger, partager, s’aider, construire quelque chose en commun pour aboutir à cette représentation incroyable. Quelle expérience ! Les ateliers théâtre avec Stéphanie et Hélène ont été un révélateur de capacités insoupçonnées en moi, de ce que je pouvais exprimer et faire.
J’ai participé à toutes les étapes, autant de découvertes pour moi et j’ai apprécié pleinement chacune d’elles.
Sauvé par Nina Hagen !
Le plus exaltant a été la représentation. Quel bonheur d’y être arrivé ! Pourtant, le jeudi soir en rentrant chez moi, j’ai eu un énorme doute : qu’es-tu allé faire dans cette histoire, tu es nul, demain tu vas être ridicule, faire honte à tout le monde et en plus dans la salle Camus du Théâtre Liberté qui sera remplie. Finalement je me suis dit que je ne pouvais plus reculer et qu’il fallait que j’assume. Pour m’encourager, j’ai écouté en boucle la chanson de Nina Hagen.
Ecoutez la chanson de Nina Hagen – > I am gonna live the life
Je me suis découvert (il était temps!).
Cette expérience a été pour moi incroyable et inoubliable. Voir l’envers du décor, comprendre les mécanismes qui permettent, à parti d’un texte de produire quelque chose sur scène (y compris le travail des techniciens, éclairage, musique, …), le travail de la mise en scène (les changements, les hésitations, …). Sur le plan personnel, je me suis découvert. Il était temps. Arriver au bout de cette aventure m’a procuré infiniment de plaisir et de bonheur.
Sarah H.
Sur ses papiers, bientôt 59 ans de vie sur terre. Aime se réveiller le matin. Découvrir, rencontrer, partager, respirer seule et ensemble.
L’appel à participation a résonné en moi
J’ai appris l’existence du 99 project grâce à la diffusion qu’en a faite Stéphanie Slimani (artiste intervenante) sur les réseaux sociaux. J’apprécie sa façon de travailler et sa personnalité. Récits personnels, cris de révolte, résistance poétique, les mots de l’appel à participation ont résonné et vibré en moi … j’ai eu envie nous retrouver en nombre avec d’autres personnes d’abord par l’écriture puis par le jeu théâtral sur la scène Albert Camus du théâtre Liberté à Toulon !
Je me suis sentie légère et j’ai ressenti une joie profonde et immense d’être nombreux, ensemble, reliés pour de vrai, tactilement et artistiquement.
Ensemble, reliés pour de vrai, tactilement et artistiquement
Participer à la réalisation d’un tel projet du début à la fin était une première pour moi. J’ai adoré observer et vivre la semaine de gestation, tous ensemble, participants, chargées de production, équipe technique, intervenants artistiques, dans la concentration et la bonne humeur. Et puis, l’apothéose : apparaître sur scène, seule, devant une salle comble et jouer « je suis en colère » dans une jouissance extrême et recevoir des applaudissements soutenus. Le filage technique m’a paru interminable mais les contractions avant l’éclosion, ça me fait sourire. J’ai trouvé très généreux de nous avoir donné la parole sur le papier puis sur scène. Je me suis amusée avec conviction ; dans la lumière, je me suis sentie légère et j’ai ressenti une joie profonde et immense d’être nombreux, ensemble, reliés pour de vrai, tactilement et artistiquement.
Serge P.
Enseigne la Géographie à l’Institut national supérieur du professorat de l’Université Paris Est Créteil. Partage son temps entre Toulon et la région parisienne. Pratique l’art dramatique notamment dans le cadre de projets de théâtre avec des jeunes enseignants. C’est par la newsletter du Liberté qu’il a rejoint le projet.
Cette expérience nous a permis de révéler nos propres richesses, que cela soit dans nos productions écrites ou le jeu des individualités sur scène.
De découverte en découverte
L’écriture était pour moi une découverte ; j’ai été sensible à l’engagement des personnes qui ont accepté d’écrire et de se dévoiler parfois intimement et très confiant dans la richesse des textes. La résidence au cours de la semaine précédant la représentation a été exigeante mais a eu aussi pour effet de nous découvrir mutuellement, de nous entraider et finalement de nous motiver. Mais je n’ai jamais douté de notre capacité à aller jusqu’au bout et j’ai été bluffé par le résultat.
Révéler nos propres richesses
Ce type d’action me semble très recommandable pour souder une communauté de personnes autour d’un théâtre, d’une scène, d’une troupe et ainsi dépasser les simples échanges informels qu’on peut avoir après les spectacles. Cette expérience nous a permis de révéler nos propres richesses, que cela soit dans nos productions écrites ou le jeu des individualités sur scène. J’en ai donc retiré bien plus que la satisfaction légitime d’un spectacle beau, émouvant et réussi. J’ai découvert nos propres richesses.
Merci !
Charles Berling, Sophie Catala, Stéphane Debelleval, Alain Fromager, Maud Jacquier, Benoît Olive, Alice Pernes, Vincent Beranger, Guillaume Castelot et les équipes de Châteauvallon-Liberté, scène nationale.
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