Karine Benabadji, force de la nature

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Karine et moi nous nous connaissons depuis….cinquante ans !  Nos parents déjà étaient liés par une longue amitié. Mais Karine vit au Maroc et moi j’ai longtemps vécu en Chine, aussi n’avions-nous pas vraiment pris le temps ces dernières années de discuter sérieusement des activités de l’association Open Village qu’elle a fondé avec son mari Ahmed et qui met en réseau les villages émergents du Maroc et du PROJET 99.

En janvier 2021, à la faveur d’un coup de fil, nous avons rattrapé le temps perdu et avons jeté très vite les bases d’un projet 99 novateur autour des femmes du monde rural marocain. Le projet comportait au départ deux volets, l’un entrepreneurial et l’autre culturel, à l’instar de nos champs d’action respectifs mais ces deux dimensions étaient encore assez peu imbriquées quand on a décidé de lancer le projet en juillet 2021. Cependant lorsque la première phase – la collecte des récits de 99 femmes dans 9 villages – s’est achevée, les deux leviers de notre action se sont alors alignés autour d’une conviction partagée : la valorisation sociale des femmes du monde rural au sein de leurs communautés est un préalable essentiel à leur autonomisation.

La ligne de force du projet était définie et le projet 99 FEMMES MAROC n’allait cesser de gagner en puissance.

Photo Leyna Amly © Geneviève et Karine au festival IFALAN des Ait Boughemez

Une conviction partagée : la valorisation sociale des femmes du monde rural au sein de leurs communautés est un préalable essentiel à leur autonomisation.

La réussite de ce projet complexe par son amplitudes (99 femmes rurales, 99 femmes urbaines), sa diversité linguistique (3 langues), sa géographie (6 régions, 9 villages, 3 grandes villes) ainsi que ses enjeux sociaux (la place des femmes rurales) et artistiques (oralité, écriture et forme théâtrale) doit beaucoup au travail de terrain exceptionnel accompli par Karine Benabadji avec Khadija Bidar et les nombreuses personnes qui ont travaillé pendant un an à son succès.

Cette conversation de fin de projet avec Karine prend donc la forme d’un exercice d’admiration et d’un immense MERCI !

99 Femmes Maroc en quelques chiffres

  • 99 femmes du monde rural et 99 femmes du monde urbain
  • 36 ateliers d’empowerment sur un an
  • 1 pièce de théâtre en 10 tableaux qui raconte la vie des femmes du monde rural au Maroc inspirés par leurs témoignages réels et actuels.
  • 9 Festivals communautaires IFALAN entre le 14 mai et le 16 juillet 2022
  • 3500 spectateurs hommes, femmes et enfants, dans les 9 villages de 6 régions du Maroc
  • 70% à 100% des spectateurs-trices étaient des femmes, 98% venaient des communautés villageoises
  • 50.000 dh de produits vendus par les femmes des villages (tapis, couscous, pâtisseries, produits du terroir, artisanat, produits cosmétiques naturels, couture, broderie…)

Geneviève : Comment est né Open Village?

Karine : Tout a commencé en 2005 avec la découverte du village de Tizi n’Oucheg (un village du Haut Atlas dans la vallée de l’Ourika) et de mon lien d’amitié avec Rachid (Mandili), président de l’association de développement du village. On s’est tellement enrichi de nos différences qu’on a entretenu ce lien. Rachid était intéressé à mieux comprendre le monde urbain (qu’il connaissait pour avoir baroudé plusieurs années dans quelques grandes villes du Maroc) et moi, je voulais découvrir le monde rural. Chacun a pris de l’autre dans un lien d’égalité, sans dominé ni dominant. Pendant 10 ans, on a développé énormément de choses ensemble : des confitures bio, des activités pour les enfants et les jeunes, un atelier de confection de tapis, la gestion des déchets… Mon rôle était de connecter Rachid aux gens qui savaient faire ou pouvaient financer les projets. De cette amitié est née une émergence, c’est à dire une dynamique qui soutient un développement autonome et durable. Mais cela s’est fait très progressivement sans chercher à ce que tout fonctionne parfaitement dès le départ. La durabilité, c’est avoir des objectifs mais sans forcer les choses : elles viennent en temps voulu.

Rachid Mandili

Natif de Tizi n’Oucheg, Rachid Mandili s’est lancé un pari fou il y a une vingtaine d’années : transformer ce village berbère très enclavé qui venait juste d’avoir l’électricité et une école primaire en un village autonome où les enfants reçoivent un enseignement de qualité et où il fait bon vivre. Grâce à une implication forte des habitants, Tizi n’Oucheg a complétement changé de physionomie et inspire aujourd’hui les villages avoisinants.

En savoir plus (Reportage Echappées Belles – Maroc, de village en village) 1h03

rachid

Karine : En 2013, j’ai reçu un peu d’argent en héritage et on a décidé en famille de faire un tour du monde à la découverte d’autres Open Villages comme Tizi n’Oucheg. Ce qui s’était passé à Tizi était suffisamment impressionnant pour ne pas le laisser aux oubliettes. Est-ce que cette dynamique pouvait prendre, ailleurs, dans d’autres villages au Maroc et dans le monde ? On ne voulait pas rester avec cet outil sans essayer de le « bouturer ». En faisant un tour du monde des villages émergents, on voulait s’enrichir d’autres expériences  et créer un réseau international. Au final, on a beaucoup appris de ce voyage et ce réseau des Open villages, on l’a construit au Maroc.

Ce qui s’était passé à Tizi était suffisamment impressionnant pour ne pas le laisser aux oubliettes. On ne voulait pas rester avec cet outil sans essayer de le « bouturer »

Le tour du monde de la famille Benabadji

Karine, Ahmed et leurs 5 enfants – Oriane, Solen, Yanis, Nayla et Ilyan – ont fait un choix hors du commun, celui de parcourir le monde pendant un an à la rencontre de cultures différentes et d’habitants engagés. Dans ces villages des quatre coins du monde qui ont fait le choix de l’autonomie et du développement durable. L’idée ? Découvrir ces précurseurs du mieux-vivre et leurs techniques de vie responsables, et ce, au-delà de nos frontières.

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Geneviève : Est-ce que le projet d’Open Village a évolué depuis Tizi n’Oucheg ?

Karine : Pour moi, l’évolution de ma pratique est assez intuitive et basée sur le partage avec les gens et mes expériences. Mais je raconte tout ce qui se passe sur le terrain à mon mari Ahmed et lui, va chercher des références, des lectures pour m’inspirer. On est complémentaire.

Geneviève : Le projet 99 s’est aussi déployé de manière rhizomique. Après le succès du premier projet 99 femmes à Shanghai en 2015, l’enthousiasme des participantes, la curiosité du public autour du processus de création m’ont conduit à renouveler l’expérience ailleurs, à l’appliquer à d’autres thématiques et donc forcément à approfondir ma réflexion sur le projet lui-même et l’enrichir conceptuellement.

Ahmed Benabadji

Ahmed Benabadji est Président-fondateur de l’ONG Open Village. Consultant en stratégie et transformation, il est membre du comité́ scientifique de la chaire de recherche « Emergence collective et développement » (Centrale Casablanca)

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Ahmed Benabadji

Geneviève : J’aimerais revenir sur cette idée d’enrichissement, qu’est-ce que cela signifie pour toi ?

Karine : L’enrichissement est différent avec chaque personne. A Tizi, j’ai appris la simplicité. Les gens du village vivent avec très peu et cela crée du lien entre eux. Au cours de notre voyage autour du monde, on l’a constaté : la sobriété du mode de vie suscite l’entraide et favorise le vivre-ensemble. Plus généralement, l’enrichissement c’est la découverte de nouveaux codes. Les personnes que tu rencontres ne t’apportent pas forcément de savoir mais un savoir- être et des façons de penser qui ne sont pas dans tes codes. Au final, cela t’enrichit car cela permet de t’adapter à n’importe quelle situation. Dans notre tour du monde, on n’a eu aucun problème d’adaptation : on s’est logé, nourri partout avec ce qui était disponible.

Au cours de notre voyage autour du monde, on l’a constaté : la sobriété du mode de vie suscite l’entraide et favorise le vivre-ensemble.

Geneviève : Un des points d’ancrage du projet 99 FEMMES MAROC c’est l’idée que la reconnaissance sociale des femmes est un préalable indispensable à leur chemin d’autonomisation. D’où vient cette idée ?

Karine : Cela s’est construit au fil du temps notamment grâce à l’école que j’anime avec les femmes et les enfants de mon village. Après 5 ans, 10 ans, je vois comment les femmes changent  par la relation qu’on a tissée. Faire des choses ensemble donne la capacité et sort les femmes de leur position d’infériorité ou de simple apprenante. Si tu intègres une femme dans un projet, elle s’épanouit et prend conscience de ses capacités. Il n’y pas besoin d’en faire des tonnes ; il faut commencer par la reconnaître et lui donner les moyens de s’épanouir. Et alors, ça produit des étincelles. Quand tu m’as parlé de 99 femmes, j’ai vu que c’était un moyen incroyable de faire partir ces étincelles.

Faire des choses ensemble donne la capacité et sort les femmes de leur position d’infériorité ou de simple apprenante.

Geneviève : C’est vrai. Un des effets du projet 99, c’est de réveiller la capacité créative des personnes et leur vitalité pour qu’elles puissent se mettre en mouvement. Mais pour que cela marche, il est nécessaire d’affirmer un rapport d’égalité radicale dans le processus de création. Une pièce 99 avec ses 99 personnages rend concrète cette égalité : tout le monde a sa place, tout le monde à un rôle à jouer.

Une pièce 99 avec ses 99 personnages rend concrète cette égalité : tout le monde a sa place, tout le monde à un rôle à jouer.

Karine : Effectivement, c’est l’ingrédient qui a fait que cela a très bien marché dans certains villages et un peu moins dans d’autres. Quand des personnes extérieures ont voulu contrôler le processus, cela a moins bien fonctionné. Quand les femmes du village et l’équipe ont travaillé ensemble, tout s’est bien passé et les femmes se sont révélées de manière étonnante sur une année : elles ont raconté leurs histoires, ont participé aux ateliers, ont pris des initiatives au-delà de la pièce, ont créé de nouveaux liens et tout cela a généré encore plus de capacités et de reconnaissance;

Geneviève : La création de la pièce est un prétexte. Pour moi, c’est le rôle de la culture de manifester ce qu’on est capable de faire ensemble, de proposer une destination concrète au travail immatériel (voire invisible) des femmes. Dans le processus de création de la pièce 99 femmes, ce sont les femmes qui créent et pilotent. Nous sommes là pour écouter leurs histoires, les magnifier, s’en faire les porte-paroles. Créer ensemble sur une œuvre commune était parfois déroutant pour des participantes peu habituées à travailler sur un pied d’égalité. Je me souviens par exemple de Naima, la responsable du festival Ifalan de Moqrisset au Nord du Maroc. Quand elle m’a vue porter un tapis avec Nayla et Inès (les deux jeunes filles qui nous ont aidé dans la logistique du spectacle) pour monter le décor de la pièce puis balayer la scène, elle était étonnée et s’est exclamé : projet collaboratif! Projet collaboratif! On en a ri ensemble.

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Photo Leyna Amly © Geneviève et Karine au festival IFALAN de Moqrisset

Geneviève : Quelles images te restent des festivals ?

Karine : On a vécu un moment extraordinaire à Tata, le soir, après la pièce de théâtre, les femmes ont chanté des chants traditionnels avant le diner qui ont été repris par les hommes. Cet échange entre femmes et hommes, symbolique, traduisait très bien comment le festival s’est organisé avec des hommes très impliqués. Tata est un village intéressant car il compte des amazighes, des descendants d’esclaves et des arabes. Chez eux, faire quelque chose ensemble est un acte fort.

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Photo Noura Akerraz © Un musicien très souriant au festival IFALAN de Timmit dans les Ait Boughemez

Geneviève : Je me souviens de femmes de Tata, véritables princesses du désert avec leurs voiles noirs brodés et leurs bijoux d’argent arrivant à Moqrisset dans le Rif après 21h de bus pour rencontrer ces femmes du nord, menues et claires de peau, vêtues de pagnes de laine rayés et de chapeaux colorés. Leur accolade et leurs chants sur cette place écrasée de soleil étaient d’une beauté saisissante. Je me souviens aussi des petites filles pendant le spectacle, aussi bien dans le village des Ait Boughemez qu’à Ferraha, de leurs regards intenses et de leur écoute attentive. Je me suis dit qu’on avait touché juste.

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Photo Leyna Amly © Une petite fille filme la pièce 99 Femmes au Festival IFALAN de Ferraha

Karine : Je me rappelle que les décors dans les villages qui se sont débrouillés tout seuls pour organiser la journée étaient très beaux et cela prouvait que la communauté avait la capacité d’investir les lieux, de préparer les repas, de chanter, de danser, bref de faire quelque chose de beau pour eux-mêmes, chose qu’on ne leur avait jamais dite. Et bien sûr, je me souviens de la super équipe du projet Khadija, Cécile, Inès, Nayla, Oumaima, Leyna, Noura, Anis et toutes les aides ponctuelles qui sont venues nous rejoindre au fur à mesure, sans savoir vraiment à l’avance ce qui allait se passer. Au final, cette manière de « travailler ensemble » reste la grande découverte de ce projet. Je ne l’avais pas vécue au Maroc et dans le monde rural à une telle échelle.

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Photo Noura Akerraz © La scène sous les noyers et les musiciens au Festival IFALAN de Timmit  dans les Ait Boughemez

Au final, cette manière de « travailler ensemble » reste la grande découverte de ce projet. Je ne l’avais pas vécue au Maroc et dans le monde rural à une telle échelle.

Geneviève : Je crois que l’impact d’un projet participatif tient au fait qu’on voit grand, que c’est ambitieux. Quand on travaille ensemble, quand on s’investit pour produire quelque chose, il faut que cela soit visible, grand et beau, quelque chose dont on puisse être fier, pas un truc modeste, bricolé et confidentiel. La force de la preuve est à la mesure de l’ambition qu’on a partagée et qu’on a rendue publique. 3500 personnes sont venues voir les festivals IFALAN ; ce n’est pas rien !

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Photo Noura Akerraz © Femmes et enfants au Festival IFALAN de Timmit  dans les Ait Boughemez

L’impact d’un projet participatif tient au fait qu’on voit grand, que c’est ambitieux.  La force de la preuve est à la mesure de l’ambition qu’on a partagée et qu’on a rendue publique. 

Karine : Un autre point positif pour moi a été de créer des liens avec des femmes différentes dans tous ces villages. J’ai également apprécié le travail de réécriture et de composition comme un moyen de toucher les femmes urbaines sans trop leur demander. Je pensais que j’arriverais à convaincre les  gens des villes d’aller dans les villages. Au final très peu de femmes ont fait le déplacement et ne l’ont pas regretté d’ailleurs. C’est par l’écriture qu’on a pu atteindre pas mal de femmes urbaines et on ne les aurait pas touchées autrement. Cela a vraiment résonné avec elles.

Geneviève : L’écriture, même si elle atteint quantitativement moins de gens qu’un spectacle est une rencontre mémorable. Les femmes citadines qui ont écrit à partir des récits des femmes rurales et qui ont porté leurs paroles, s’en souviendront. Au départ, certaines craignaient, et c’était légitime, l’appropriation, la trahison mais ce n’est pas du tout ce qui se passe en réalité. En écrivant à la première personne, les femmes des villes n’ont pas usurpé ou recouvert les voix des femmes des villages, elles se sont laissé toucher par ces témoignages et leur ont fait une place dans leur imaginaire. Désormais, ces femmes des campagnes, souvent invisibles, existent vraiment pour elles.

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Photo Leyna Amly © Enfants au Festival IFALAN de Moqrisset

Karine : Pourtant, si les femmes des villes ont été ravies de faire cette expérience, il faut approfondir ce lien avant de pouvoir les amener jusque dans les villages. 90% des citadins au Maroc viennent des campagnes. Ils ne vivent en ville que depuis une ou deux générations mais sans doute est-ce encore trop tôt pour revenir dans les villages qu’ils ont tout fait pour quitter. Aujourd’hui, beaucoup ne voient dans les villages que la misère et l’absence de confort, mais pas la force et la joie de vivre des villageois. Il faudra imaginer d’autres moyens pour que les gens des villes se rendent compte de l’intérêt à aller à la rencontre du monde rural.

Geneviève : Les freins sont complexes et multiples. Certaines citadines que nous avons croisées dans ce projet mènent leurs propres combats ; par exemple celles qui évoluent dans la sphère économique adoptent des valeurs de performance rapide ou de contrôle qui font écran à la rencontre du monde rural. Certaines aimeraient sincèrement s’impliquer en donnant autre chose que de l’argent (elles voudraient offrir leurs compétences, une mise en réseau etc…) mais pour faire cela, il faut d’abord donner du temps, engager sa présence et voir ce qu’on peut apporter à partir des besoins réels, et c’est plus compliqué.

Karine : Pour impliquer les gens des villes, il faudra sans doute aller chercher une population ciblée: soit des personnes qui n’ayant pas de temps à y consacrer vont nous faire confiance et donneront de l’argent, soit des personnes qui comme Zara (une femme retraitée proche de Karine qui travaille avec le village dont elle est originaire) consacre beaucoup de temps aux femmes qu’elle connaît et leur donne les moyens de s’en sortir. Car les femmes du monde rural marocain, aussi battantes soient elles, sont en permanence renvoyées à leur rôle de femmes au foyer. En ce sens, les participantes du projet 99 FEMMES MAROC sont des éclaireuses, affranchies du qu’en-dira-t-on. Elles ont osé rejoindre le projet, parfois contre l’avis d’un mari, d’un père ou d’un frère.
Je pense à celle qui commencé son activité de gîte touristique en donnant sa chambre et a construit progressivement un hébergement pour 20 personnes. Je pense à celle qui a décidé qu’elle serait chauffeur de transport en commun mais pour les femmes uniquement. Je pense à celle qui dans une pièce de 4 m2 coud des vêtements pour les gens de la vallée. Pour elles, ce projet c’est une manière de développer leurs réseaux et de se rendre compte qu’elles ne sont pas toutes seules à se battre et pour les autres elles servent d’exemple.

Les participantes du projet 99 FEMMES MAROC sont des éclaireuses, affranchies du qu’en-dira-t-on. Elles ont osé rejoindre le projet, parfois contre l’avis d’un mari, d’un père ou d’un frère.

Geneviève : Comment  vois-tu le développement de leurs activités ?

Karine : La grande majorité des activités économiques qui perdurent nécessite une intervention extérieure pour financer son lancement, une plateforme ou un magasin, payer des salaires, assurer un design de qualité qui corresponde aux besoins des clients. Certaines femmes réussissent seules – je connais une femme qui a mis en place un business de couscous avec un réseau d’épiciers de sa région-  mais cela reste fragile si personne ne rentre dans la boucle à un moment donné. Notre expérience du projet 99 FEMMES MAROC confirme la force du collectif et aujourd’hui nous cherchons des personnes qui peuvent intégrer notre association pour structurer notre travail avec ces femmes. Open Village est là pour trouver un réseau d’actrices (et d’acteurs) du changement qui vont pouvoir s’impliquer de façon concrète dans le développement des activités de ces femmes.

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Photo Noura Akerraz © Atelier à l’Ecole Vivante de Timmit

La suite du projet 99 Femmes Maroc en 2022-2023

  • Une exposition de photos à Rabat sur le thème de la femme et du moussem
  • Un projet d’entreprenariat avec les 99 Femmes en lien avec la deuxième édition des festivals IFALAN qui auront lieu en 2024
  • Des représentations de la pièce 99 Femmes dans les villes (centres culturels, théâtre)
  • Un documentaire sur le projet “99 Femmes Maroc”
  • Un livre sur le projet (photos et texte de la pièce)

Le livre 99 Femmes Maroc racontera en images le cheminement de 99 femmes depuis les premiers récits recueillis en juillet 2021 dans 9 villages du Maroc rural au succès mémorable des festivals communautaires IFALAN un an plus tard. Il dira aussi les liens tissés avec des femmes des villes (animatrices, auteures, traductrices, comédiennes, photographes, chercheuses et cheffes d’entreprise) qui les ont accompagnées au long de cette aventure hors normes. Il comprendra également le texte de la pièce en trois langues (français, darija, amazighe).

Le produit net des ventes financera les actions prévues en 2022-2023 dans la continuité du projet 99 Femmes Maroc. La pré-commande du livre sera possible prochainement.

Geneviève : Quels sont tes autres chantiers ?

Karine : Cela fait plusieurs années que je travaille sur un modèle éducatif adapté au monde rural  et je veux avancer sur l’implantation de ces jardins d’enfants que j’ai appelé “mandala” en zone rurale. Je vais continuer aussi à organiser des colonies de vacances, où les jeunes d’un village organisent une semaine d’activités pour les jeunes d’un autre village. Cela les fait bouger, grandir et révèle aussi leurs talents. Je participe également à un projet sur la connaissance des ciels étoilés en collaboration avec l’association Atlas Dark Sky et l’université des sciences de Marrakech pour vulgariser l’astronomie, sensibiliser à la pollution lumineuse (qui n’existe pas encore dans les villages), et valoriser aussi ces ciels extraordinaires comme un atout touristique.

Les autres grand projets 2022-2023 d’Open Village

Favoriser l’autonomie des enfants et des jeunes

  • Le mandala: un jardin d’enfants pour le monde rural
  • Les colo-villages: partir en colonie dans un open village

Préserver l’environnement

  • Sensibilisation à la pollution lumineuse avec Atlas Dark Sky

Suivre et soutenir Open Village

Email: contact@open-village.org

Website: www.open-village.org

Geneviève : Quelle énergie ! c’est quoi le secret de ta forme ?

Karine : C’est la terre! C’est d’être en lien avec soi-même, les autres et la nature (les trois liens décrits par le philosophe Abdenour Bidar). Dans ce que j’entreprends, je ne me fais jamais de souci pour savoir si cela va marcher ou pas. Si ce dont j’ai besoin repose sur l’humain, je sais où trouver cette énergie. Les femmes des villages sont puissantes  car elles sont en lien avec la nature, les animaux, les voisins et la communauté.

“Concentrez-vous par exemple sur l’eau qui coule. Le plus modeste ruisseau suffira. Voyez avec quelle ingéniosité et persévérance ce petit malin poursuit sa route sinueuse malgré tous les empêchements petits et grands. Rien ne l’arrête, il contourne le rocher pesant, sautille sur les cailloux, érode patiemment ce qui lui fait barrage et finit toujours par traverser…”

— Abdenour Bidar, Les Tisserands

Geneviève : J’ajouterai aussi, comme tu l’as dit au début, que pour libérer son énergie, il faut une extériorité. Les récits des femmes rurales montrent que celles qui prennent des risques et se mettent en mouvement pour saisir un objet au-delà d’elle-même à travailler, à transformer, dégagent de l’énergie quand d’autres femmes s’étiolent de ne pas disposer d’un horizon assez vaste. Il faut que les femmes aient conscience de leur puissance d’agir, individuellement et collectivement, pour ouvrir des espaces et entraîner les autres.

Pour aller plus loin

« Pour créer des émergences, il faut un lien avec le monde extérieur ».

Interview de Karine Benabadji

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Photo entête Leyna Amly © – Propos recueilli, édités par G.F.

Karine Benabadji, a force of nature

Karine and I have known each other for… fifty years! Our parents were already linked by a long friendship. But Karine lives in Morocco and I lived in China for a long time, so we hadn’t really taken the time in recent years to seriously discuss the activities of the Open Village association that she founded with her husband Ahmed and which connects the emerging villages of Morocco and PROJECT 99.

In January 2021, thanks to a phone call, we made up for lost time and very quickly designed the foundations for an innovative 99 project around women in rural Morocco. The project initially had two components, one entrepreneurial and the other cultural, like our respective areas of activity, but these two dimensions were still not very intertwined when we decided to launch the project in July 2021. However, when the first phase – the collection of stories from 99 women in 9 villages – was completed, the two levers of our action were then aligned around a shared conviction: the social valorization of rural women within their communities is an essential prerequisite for their empowerment.

The strategic axis of the project was defined and since then, the project 99 WOMEN MOROCCO increasingly gained momentum.

Photo Leyna Amly © Geneviève et Karine at the festival IFALAN in the Ait Boughemez valley

A shared conviction: the social valorization of rural women within their communities is an essential prerequisite for their empowerment.

The success of this complex project by its scope (99 rural women, 99 urban women), its linguistic diversity (3 languages), its geography (6 regions, 9 villages, 3 large cities) as well as the social issues (the place of women rural) and artistic challenges (orality, writing and theatrical form) owes a lot to the exceptional fieldwork accomplished by Karine Benabadji with Khadija Bidar and the many people who worked for a year to make it a success.

This end-of-project conversation with Karine therefore takes the form of an exercise in admiration and a huge THANK YOU!

99 Women Morocco in figures

  • 99 rural women and 99 urban women
  • 36 empowerment workshops over one year
  • 1 play in 10 scenes that tells the life of rural women in Morocco inspired by their real and current testimonies.
  • 9 IFALAN Community Festivals between May 14 and July 16, 2022
  • 3,500 spectators, men, women and children, in the 9 villages of 6 regions of Morocco
  • 70% to 100% of spectators were women, 98% came from village communities
  • 50,000 dh of products sold by village women (carpets, couscous, pastries, local products, crafts, natural cosmetics, sewing, embroidery, etc.)

Geneviève: How did Open Village started?

Karine: It all started in 2005 with the discovery of the village of Tizi n’Oucheg (a village in the High Atlas in the Ourika Valley) and my friendship with Rachid (Mandili), president of the association of village development. We have been so enriched by our differences that we have maintained this bond. Rachid was interested in better understanding the urban world (which he knew from having traveled for several years in some big cities of Morocco) and I wanted to discover the rural world. Each took from the other in a equal relationship in wich no one was being dominated or dominating. For 10 years, we developed a lot of things together: organic jams, activities for children and young people, a carpet-making workshop, waste management… My role was to connect Rachid with people who knew how to or could finance the projects. From this friendship was born an emergence, that is to say a dynamic that supports autonomous and sustainable development. But this was done very gradually without trying to make everything work perfectly from the start. Sustainability is having goals but without forcing things: they come in due time.

Rachid Mandili

A native of Tizi n’Oucheg, Rachid Mandili started an ambitious journey some twenty years ago: to transform this very isolated Berber village which had just had electricity and a primary school into an autonomous village where children receive a quality education and where life is good. Thanks to the strong involvement of the inhabitants, Tizi n’Oucheg has completely changed its appearance and today inspires the neighboring villages.

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Karine: In 2013, I received a little money as an inheritance and we decided as a family to take a trip around the world to discover other Open Villages like Tizi n’Oucheg. What happened in Tizi was impressive enough not to be forgotten. Could this dynamic take hold, elsewhere, in other villages in Morocco and around the world? We didn’t want to stay with this tool without trying to “cut” it. By taking a world tour of emerging villages, we wanted to enrich ourselves with other experiences and create an international network. In the end, we learned a lot from this trip and this network of Open villages, we built it in Morocco.

What happened in Tizi was impressive enough not to be forgotten. We didn’t want to stay with this tool without trying to “cut” it.

The Benabadji family’s world tour

Karine, Ahmed and their 5 children – Oriane, Solen, Yanis, Nayla and Ilyan – have made an extraordinary choice, that of traveling the world for a year to meet different cultures and committed inhabitants. In these villages around the world that have chosen autonomy and sustainable development. The idea? Discover these precursors to better living and their responsible living techniques, beyond our borders.

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Geneviève: Has the Open Villages project evolved since Tizi n’Oucheg?

Karine: For me, the evolution of my practice is quite intuitive and based on sharing with people and my experiences. But I tell my husband Ahmed everything that happens in the field and he looks for references and readings to inspire me. We are complementary.

Geneviève: The 99 Project also deployed rhizomically. After the success of the first 99 women project in Shanghai in 2015, the enthusiasm of the participants, the curiosity of the public around the creative process led me to renew the experience elsewhere, to apply it to other themes and therefore necessarily deepen my reflection on the project itself and enrich it conceptually.

Ahmed Benabadji

Ahmed Benabadji is President and Founder of the NGO Open Village. Consultant in strategy and transformation, he is a member of the scientific committee of the “Collective Emergence and Development” research chair (Centrale Casablanca)

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Ahmed Benabadji

Geneviève: I would like to come back to this idea of enrichment : what does this mean for you?

Karine: Enrichment is different with each person. In Tizi, I learned simplicity. The people of the village live with very little and this creates a bond between them. During our trip around the world, we saw it: the sobriety of the way of life encourages mutual aid and promotes living together. More generally, enrichment is the discovery of new codes. The people you meet do not necessarily bring you knowledge, but a way of life and ways of thinking that are not in your codes. In the end, it enriches you because it allows you to adapt to any situation. In our world tour, we had no problem adapting: we stayed, fed everywhere with what was available.

During our trip around the world, we saw it: the sobriety of the way of life encourages mutual aid and promotes coexistence and social cohesion.

Geneviève: One of the core points of the project 99 WOMEN MOROCCO is the idea that the social recognition of women is an essential prerequisite for their empowerment. Where does this idea come from?

Karine: This has been built over time, in particular with the experiment of the school that I run with the women and children of my village. After 5 years, 10 years, I see how women change through the relationship that we have created. Doing things together empowers and lifts women out of their position of inferiority or mere learning. If you include a woman in a project, she blossoms and becomes aware of her abilities. There’s no need to overdo it; you have to start by recognizing it and giving it the means to flourish. And then it produces sparks. When you told me about 99 women, I saw that it was an incredible way to ignite those sparks.

Doing things together empowers and lifts women out of their position of inferiority or mere learning.

Genevieve: That’s right. One of the effects of The 99 Project is to awaken the creative capacity of people and their vitality so that they shift. But for this to work, it is necessary to affirm a relationship of radical equality in the process of creation. A piece 99 with its 99 characters makes this equality concrete: everyone has their place, everyone has a role to play.

A 99 play with its 99 characters makes this equality concrete: everyone has their place, everyone has a role to play.

Karine: Indeed, this is the ingredient that made it work very well in some villages and a little less so in others. When outsiders wanted to control the process, it did not work so well. When the women of the village and the team worked together, everything went well and the women revealed themselves in an amazing way over a year: they told their stories, participated in the workshops, took initiatives beyond of the piece, have created new bonds and all this has generated even more abilities and recognition;

Geneviève: The creation of the piece is a pretext. For me, it is the role of culture to demonstrate what we are capable of doing things together, to propose a tangible destination for the immaterial (even invisible) work of women. In the process of creating the play 99 women, the women create and lead. We are here to listen to their stories, to magnify them, to be their spokespersons. Creating in collaboration was sometimes confusing for participants who are not used to be treated equally. For example, I remember Naima, the manager of the Ifalan festival in Moqrisset in northern Morocco. When she saw me carrying a carpet with Nayla and Inès (the two young girls who helped us with the logistics of the show) to set up the set for the play and then sweep the stage, she was amazed and exclaimed: project collaborative! Collaborative project! We laughed about it together.

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Photo Leyna Amly © Geneviève and Karine at the IFALAN festival of Moqrisset

Geneviève: What images do you have left from festivals?
Karine: We had an extraordinary moment at Tata, in the evening, after the play, the women sang traditional songs before dinner which were taken up by the men. This exchange between women and men, highly symbolic, reflected very well how the festival was organized with very involved men. Tata is an interesting village because it has Amazighs, descendants of slaves and Arabs. For them, doing something together is a strong act.
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Photo Noura Akerraz © A smiling musician at the IFALAN festival of Timmit  in the Ait Boughemez valley.

Geneviève: I remember women from Tata, real princesses of the desert with their black embroidered veils and their silver jewelry arriving in Moqrisset in the Rif after a 21-hour bus ride to meet these women from the north, petite and fair-skinned, dressed in striped wool cloths and colorful hats. Their embrace and their songs in this sun-drenched square were strikingly beautiful. I also remember the little girls during the show, both in the village of Ait Boughemez and in Ferraha, their intense gazes and their attentive listening. I figured we hit the nail on the head.
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Photo Leyna Amly © A little girl record the play 99 women at the IFALAN festival IFALAN in Ferraha

Karine: I remember that the decor in the villages that managed the festival organization on their own were very beautiful and it proved that the community had the capacity to invest the places, to prepare the meals, to sing, to dance, in short to do something beautiful for themselves. And of course, I remember the great project team Khadija, Cécile, Inès, Nayla, Oumaima, Leyna, Noura, Anis and all the occasional helpers who came to join us as they went along, without really knowing in advance what was going to happen. In the end, this way of “working together” remains the great discovery of this project. I had not experienced it in Morocco and in the rural world on such a scale.

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Photo Noura Akerraz © The stage under the nuts trees et musicians at the IFALAN Festival of Timmit in the Ait Boughemez valley.

In the end, this way of “working together” remains the great discovery of this project. I had not experienced it in Morocco and in the rural world on such a scale.

Geneviève: I believe that the impact of a participative project is that we think big, that it is ambitious. When we work together, when we invest in producing something, it has to be visible, big and beautiful, something we can be proud of, not something modest and confidential. The strength of the evidence is measured with the ambition that we shared and made public. 3500 people came to see the IFALAN festivals; It’s not nothing !

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Photo Noura Akerraz © Women and children at the IFALAN Festival of Timmit in the Ait Boughemez valley.

The impact of a participative project is that we think big, that it is ambitious. The strength of the evidence is commensurate with the ambition that we shared and made public.

Karine: Another positive aspect for me was to connect with different women from these villages. I also enjoyed the rewriting and composition work as a way to reach urban women without asking too much of them. I thought I would be able to convince people from the cities to go to the villages. In the end, very few women made the trip and did not regret it. It is through writing that we have been able to reach a lot of urban women and we would not have reached them otherwise. It really resonated with them.

Geneviève: Writing, even if it quantitatively reaches fewer people than a performance, is a memorable encounter. Urban women who wrote from the stories of rural women and who carried their words, will remember it. Initially, some feared, and it was legitimate, appropriation, betrayal, but this is not at all what is happening in reality. By writing in the first person, urban women did not usurp or cover up the voices of rural women, they allowed themselves to be touched by these testimonies and made room for them in their imagination. From now on, these rural women, often invisible, really exist for them.

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Photo Leyna Amly © Children at the IFALAN Festival of Moqrisset

Karine: However, if the women from the cities were delighted to have this experience, this link must be deepened before being able to bring them to the villages. 90% of city dwellers in Morocco come from the countryside. They have only lived in the city for one or two generations, but it is probably still too early to return to the villages they have done everything to leave. Today, many see in the villages only misery and lack of comfort, but not the strength and joy of life of the villagers. It will be necessary to imagine other means so that the people of the cities realize the interest in going to meet the rural world.

Geneviève: The reasons for their relunctance are complex and multiple. Some city dwellers we have encountered in this project are fighting their own battles; for example, those evolving in the economic sphere adopt values ​​of rapid performance or control that prevent them from connecting easily with the rural world. Some sincerely wish to get involved by giving something other than money (they would like to offer their skills, networking etc…) but to do this, you must first give time, engage your presence and see what we can provide based on real needs, and that’s more complicated.

Karine: To involve people from cities, it will probably be necessary to seek out a targeted population: either people who do not have the time to devote to it will trust us and will give money, or people who like Zara ( a retired woman close to Karine who works with the village she comes from) devotes a lot of time to the women she knows and gives them the means to get by. Because the women of the Moroccan rural world, as fighters as they are, are constantly sent back to their role as housewives. in this sense, the participants of the project 99 WOMEN MOROCCO are leaders, freed from what people will say. They dared to join the project, sometimes against the advice of a husband, father or brother. I am thinking of the one who started her activity as a bed and breakfast by giving away her room and gradually built accommodation for 20 people. I think of the one who decided that she would be a public transport driver but for women only. I am thinking of the woman who, in a 4 m2 room, sews clothes for the people of the valley. For them, this project is a way to develop their networks and to realize that they are not alone in fighting and for others they serve as an example.

The participants of the project 99 WOMEN MOROCCO are leaders, freed from what people will say. They dared to join the project, sometimes against the advice of a husband, father or brother.

Geneviève: How do you see the development of their activities?

Karine: The vast majority of economic activities that persist require external intervention to finance its launch, a platform or a store, pay salaries, ensure quality design that meets customer needs. Some women succeed on their own – I know a woman who set up a couscous business with a network of grocery shops in her region – but it remains fragile if no one comes into the loop at some point. Our experience of the project 99 WOMEN MOROCCO confirms the strength of the collective and today we are looking for people who can join our association to structure our work with these women. Open Village is there to find a network of actresses (and actors) of change who will be able to get involved in a concrete way in the development of the activities of these women.

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Photo Noura Akerraz © Worlshop at the Ecole Vivante in Timmit

The continuation of the 99 Women Morocco project in 2022-2023

  • A photo exhibition in Rabat on the theme of women and moussem
  • Performance of the play 99 Women in the cities (cultural centres, theatre)
  • An entrepreneurship project with the 99 Women in connection with the second edition of the IFALAN festivals that will take place in 2024
  • A documentary film on the project “99 Women Morocco”
  • A book about the project

The book 99 Women Morocco will tell in pictures the journey of 99 women from the first stories collected in July 2021 in 9 villages of rural Morocco to the memorable success of the IFALAN community festivals a year later. It will also recount the links forged with urban women (facilitators, authors, translators, actresses, photographers, researchers and business leaders) who accompanied them throughout this extraordinary adventure. It will also include the text of the play in three languages (French, Darija, Amazigh).

The net proceeds from the sales will finance the actions planned for 2022-2023 in the continuity of the project 99 Women Morocco. The pre-order fof the book will be available soon.

Geneviève : What are your next projects?

Karine : I have been working on an educational model adapted to the rural world for several years and I want to move forward with the establishment of these kindergartens that I call mandala in rural areas. I will also continue to organize summer camps, where young people from one village organize a week of activities for young people from another village. It makes them move, grow and also reveals their talents. I also participate in a project on the knowledge of starry skies in collaboration with the Atlas Dark Sky association and the University of Sciences of Marrakech to popularize astronomy, raise awareness of light pollution (which does not yet exist in the villages ), and also promote these extraordinary skies as a tourist asset.

Les autres grand projets 2022-2023 d’Open Village

Favoriser l’autonomie des enfants et des jeunes

  • Le mandala: un jardin d’enfants pour le monde rural
  • Les colo-villages: partir en colonie dans un open village

Préserver l’environnement

  • Sensibilisation à la pollution lumineuse avec Atlas Dark Sky

Suivre et soutenir Open Village

Email: contact@open-village.org

Website: www.open-village.org

Genevieve: What energy! what is the secret of your form?
Karine: It’s the earth! It is to be in connection with oneself, others and nature (the three links described by the philosopher Abdenour Bidar). In what I do, I never worry about whether it will work or not. If what I need is human based, I know where to find that energy. Village women are powerful because they are connected to nature, animals, neighbors and the community.

“Concentrate, for example, on the flowing water. The smallest stream is enough. See with what ingenuity and perseverance this clever little fellow continues its winding road despite all the obstacles, big and small. Nothing stops it, it skirts the rock heavy, hops on the pebbles, patiently erodes what blocks it and always ends up crossing…”

— Abdenour Bidar, The Weavers

Geneviève: I will also add, as you said at the beginning, that to release one’s energy, one needs an exteriority. The accounts of rural women show that those who take risks and move to seize an object beyond themselves to work on, to transform, release energy when other women wither away from not not have a wide enough horizon. Women must be aware of their power to act, individually and collectively, to open up spaces and involve others.

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Photo headline Leyna Amly © – written, edited and translated by G.F.

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