99 Femmes Sénégal
News avril 2023
Les répétitions sont en cours
Les comédiennes Khadidiatou Bâ, Clarisse Odile Ndione et Ylo Sagna de la Compagnie théâtrale Bou-Saana sont en pleine répétition de la pièce 99 Femmes dans une mise en scène de Sidoine Biagui. La troupe partira en tournée du 15 mai au 1er juin 2023 dans 6 villages de Casamance et sera jouée en wolof, diola et mandé. Dans chacun des villages, la représentation sera l’occasion d’une rencontre communautaire au cours de laquelle les femmes participantes du projet vont embarquer leurs maris, leurs voisins et toute leur communauté pour dire haut et fort leur fierté et leurs attentes.
Dates des spectacles en Casamance
Kafoutine * mardi 16 mai 2023
Diouloulou * mercredi 7 juin 2023
Bignogna * mardi 23 mai2023
Goudomp * jeudi 25 mai 2023
Ziguinchor * mardi 30 mai 2023
Ziguinchor * jeudi 1er juin 2023
Les spectacles ont lieu vers 15h-16h.
Khadidiatou Bâ, comédienne et féministe, naturellement !
Comédienne de la troupe Bou-Saana, Khadidiatou Ba nous parle de la pièce 99 Femmes et de ses engagements féministes.
Comment est née ta vocation ?
A l’école élémentaire, je déclamais des poèmes en faisant des grands gestes théâtraux et j’étais la première en récitation. Si bien qu’en 6e j’ai intégré la troupe théâtrale du collège. J’ai joué une pièce intitulée Amoul yaye « L’enfant qui n’a pas de maman ». On l’a jouée à l’Alliance Française de Ziguinchor et la compagnie Bou-Saana m’a demandé alors de jouer avec eux car la troupe recherchait une petite fille pour leur spectacle « Allah n’est pas obligé » (*) d’après le roman d’Ahmadou Kourouma. C’est ainsi que j’ai rejoint avec la compagnie à Ziguinchor Voilà comment, moi qui suis née à Dakar et peul de mère Diola, travaille avec la compagnie depuis plus de 20 ans et réside en Casamance. C’est qu’ici, à Ziguinchor la culture est vivante et de nombreuses ethnies coexistent : sérère, manjack, wolof, … Toutes les cultures du Sénégal se retrouvent à Ziguinchor. Moi-même je m’exprime en Diola et Wolof et je comprends le Mandé.
(*) Le roman d’Ahmadou Kourouma Allah n’est pas obligé relate à la première personne les pérégrinations de Birahima, une jeune enfant-soldat, dans la folie des guerres du Liberia et de Sierra-Leone.
La Compagnie Bou-Saana
Basée à Ziguinchor, la Compagnie théâtrale Bou-Saana a été créée en 1995 par les comédiens Famara Sagna, Djibril Goudiaby et Boubou Ahmet Diakhaté. Elle mène depuis plusieurs années des actions d’animation et de formation en théâtre et crée des spectacles qui traitent des grands maux de la société. Elle est à l’initiative en collaboration avec l’alliance française de Ziguinchor du Festival International de Théâtre de l’Afrique de l’Ouest « Casamance en scène » consacré au théâtre africain.
Comment la pièce 99 Femmes Sénégal résonne-t-elle avec tes préoccupations?
J’aime bien le travail qui a nourri la pièce « 99 femmes », que les femmes puissent s’exprimer ce qu’elles ont vécu et ce qu’elles ressentent. Les récits qui parlent d’excision m’ont beaucoup marqué ; on sent nettement que les anciens ont arraché une partie de la vie de celle qui a subi l’excision. C’est douloureux. Mais elle se bat pour que ses enfants ne vivent pas ces atrocités et affronte sa famille, en particulier la pression qu’exerce sa belle-mère.
Je suis féministe. Naturellement, je suis féministe ; sur scène, je suis féministe. Je défends la valeur de la femme dans le mariage, dans le village, chaque fois que la femme est marginalisée. Ici, je travaille avec une association locale de femmes et j’oriente celles qui ont des problèmes avec leurs maris, pour qu’elles se défendent et que leurs maris ne lèvent plus la main sur elles. Je dénonce aussi les grossesses précoces.
"Les femmes sénégalaises sont des battantes. Ici, les femmes travaillent. Elles ne restent pas à la maison. Elles n’attendent pas ; elles ne quémandent pas.
Les femmes sénégalaises et les femmes en général sont des battantes. Elles peuvent réussir dans leur vie. Ici au Sénégal, tous les matins, à 6h, les femmes vont acheter du poisson ou des légumes pour les vendre. Dans le bus, à part le chauffeur, il n’y a que des femmes. Ici, les femmes travaillent. Elles ne restent pas à la maison. Elles n’attendent pas ; elles ne quémandent pas. Je dis souvent que si deux mains peuvent attacher un pantalon, alors ces deux mains peuvent attachent un pagne. Travailler, travailler, travailler. C’est ma philosophie.
Fille Soldats, les invisibles des conflits armés
Les filles constituent environ 40 % des enfants enrôlés dans les milices armées. Phénomène ignoré : si certaines s’engagent volontairement, la plupart sont recrutées de force et asservies par les chefs de guerre….lire plus
Photo Sidoine Biagui ©
Des récits de la vie à la pièce de théâtre
99 femmes, 99 récits, 1 pièce
La pièce 99 Femmes Sénégal a été composée à Ziguinchor en mars 2023 d’après les témoignages de 70 femmes entrepreneur rurales de Casamance réécrits sous la forme de monologues de théâtre par trente jeunes femmes citadines, de Dakar et de Ziguinchor entre octobre 2022 et janvier 2023.
Photo Issa Kandé ©
99 Women Senegal
News April 2023
Rehearsals on going
Shows in Casamance
Kafoutine * May 16th 2023
Diouloulou * June 7th 2023
Bignogna * May 23th 2023
Goudomp * May 25th 2023
Ziguinchor * May 30th 2023
Ziguinchor * June 1st 2023
Khadidiatou Bâ, actress and feminist!
An actress with the Bou-Saana theater company, Khadidiatou Ba tells us about the play 99 Women and her feminist commitment.
How did your calling come about?
In elementary school, I declaimed poems with grand theatrical gestures and I was the first in recitation. So much so that in 6th grade I joined the college theater troupe. I played a play called Amoul yaye (“The child who has no mother”). We played it at the Alliance Française de Ziguinchor and the Bou-Saana company then asked me to play with them because the troupe was looking for a little girl for their show “Allah n’est pas oblige” (Allah is not obliged) (*) to after the novel by Ahmadou Kourouma. This is how I joined the company in Ziguinchor. This is how I, who was born in Dakar and a Fulani from mother Diola, has worked with the company for more than 20 years and lives in Casamance. It is that here, in Ziguinchor, culture is alive and many ethnic groups coexist: Serer, Manjack, Wolof, etc. All the cultures of Senegal are found in Ziguinchor. I myself speak Diola and Wolof and I understand Mandé.
(*) Ahmadou Kourouma’s novel, Allah is not obliged is the tale of a child-soldier, Birahima in the madness of the wars in Liberia and Sierra Leone.
The Theater Company Bou-Saana
Based in Ziguinchor, the Theater Company Bou-Saana was created in 1995 by actors Famara Sagna, Djibril Goudiaby and Boubou Ahmet Diakhaté. For several years, they have been carrying out theater animation and training and they create shows that deal with social issues. The Company took the initiative of the International Theater Festival of West Africa “Casamance on stage” dedicated to African theater in collaboration with the Alliance Française of Ziguinchor.
How does 99 Women Senegal resonate with your concerns?
I love the work that inspired the play “99 Women,” that women can express what they’ve been through and what they’re feeling. The stories that talk about excision made a big impression on me; we clearly feel that the ancients tore away part of the life of the woman who underwent excision. It’s painful. But she fights so that her children do not experience these atrocities and confronts her family, in particular the pressure exerted by her stepmother.
I am a feminist. Of course, I’m a feminist; on stage, I am a feminist. I defend the value of women in marriage, in the village, whenever women are marginalized. Here, I work with a local women’s association and orient those who have problems with their husbands, so that they stand up for themselves and their husbands no longer raise their hands on them. I also denounce early pregnancies.
Photo Sidoine Biagui ©
From life stories to the play
Photo Issa Kandé ©