
99 Soignant.e.s : écouter, écrire, transmettre
Le projet 99 Soignant.e.s a démarré à la mi-janvier avec les premiers ateliers d’écriture organisés à l’hôpital de la Timone et à l’hôpital Nord.
Marseille, février 2025 – Le projet 99 Soignant.e.s a démarré à la mi-janvier avec les premiers ateliers d’écriture organisés à l’hôpital de la Timone et à l’hôpital Nord. Ces séances rassemblent des professionnels venus des quatre sites de l’AP-HM à Marseille, issus de disciplines soignantes variées : infirmier.e.s en soins généraux ou de bloc opératoire, aide-soignant.e.s, manipulateur.trice.s en électroradiologie, technicien.ne.s de laboratoire, cadres de santé, sages-femmes, orthophonistes, interprètes en langue des signes et psychologues. Cette diversité, véritable richesse du projet, offre un cadre d’échange stimulant où les participants prennent plaisir à dialoguer avec des collègues qu’ils croisent rarement au quotidien.
D’abord vient le temps de l’écriture. Les propositions créatives résonnent particulièrement chez les soignants, car elles explorent leur environnement de travail, leurs pratiques, les relations humaines et la manière dont le soin façonne leur propre regard sur le monde. Il s’agit ici de témoigner d’un vécu, mais en s’affranchissant des récits convenus, en laissant la langue et les formes littéraires canaliser et déplacer les émotions brutes. Ce déplacement permet un renouvellement du témoignage, une manière d’exprimer l’expérience hospitalière avec des mots moins figés, plus incarnés. On observe alors les bâtiments autrement, on décrypte les visages des patients, on dissèque les gestes du soin, on note les fluctuations de l’atmosphère de travail avec un regard neuf et sensible. Cette approche libère la parole de chacun.e les soignants découvrent au travers de l’écriture, une autre façon d’exprimer, de partager et de transmettre la complexité du soin, entre technicité et humanité.
Ensuite, la lecture à voix haute des textes devient une occasion précieuse de saisir, simplement et profondément, la singularité de chaque point de vue tout en reflétant, une expérience commune.
Ainsi, l’écoute, omniprésente, se décline avec mille nuances, aussi essentielle que les gestes médicaux:
- Écouter pour comprendre, reformuler, traduire.
- Écouter comme un outil de diagnostic et de construction d’une relation de confiance.
- Écouter les silences, les émotions, les non-dits.
« Écouter dans l’ordre et le désordre. Écouter entre les mots, entre les larmes, entre les lignes. Écouter les silences et les silences entre les silences. […]
Écouter pour que parole se prenne, résonne, claque, perce, berce. Écouter pour que ça remue, que ça vive en dedans, que ça retentisse, rebondisse, que ça tisse, que ça lie, que ça relie, que ça dépossède, sépare, répare, écouter pour que…..repos.
Écouter parce que parler rend plus solide, rend plus vrai, rend plus beau, rend unique. Écouter parce que ça honore ».
Extrait du texte d’Isabelle. P
Les ateliers d’écriture s’achèveront fin février, laissant place, dès début mars, à la composition. Lors de cette étape, l’équipe créative dirigée par Geneviève Flaven tissera les textes issus des ateliers en une narration collective, capable de résonner auprès du public.